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Général Patafouin
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Le Mage & le Serpent Empty Le Mage & le Serpent

Sam 16 Oct - 1:34
Le Mage & le Serpent Titre_11

Première partie - Le Pacte


Valriel gardait un souvenir houleux des quelques échanges qu’il avait eu avec la divinatrice, toutefois, il lui apparaissait clairement qu’elle possédait un véritable potentiel. Les faveurs sexuelles qu’elle était disposée à procurer contre une belle somme d’or ne l’intéressaient pas. En revanche, ses dons de divination semblaient avérés… et pouvaient se révéler précieux. Surtout s’il était le seul à pouvoir connaître l’avenir. C’est donc tard dans la soirée, après avoir terminé ses travaux d’écuyer, qu’il passa la porte de la roulotte de la divinatrice une seconde fois, avec un projet derrière la tête.


- Bonjour Mélicendre.


- Tiens, Valriel… Que me vaut cet honneur ?


- Ne m’aviez-vous pas vu venir ou quelque chose de ce genre ?


- Eh bien si, c’est toute l’ironie de la situation… Mais je vous en prie, prenez place.


- C’est une charmante musique.



Valriel s’approcha d’une boîte à musique posée sur un petit guéridon. Elle jouait un petit air joyeux. Il referma le couvercle machinalement, interrompant la mélodie d’un bruit sec. Il se dirigea ensuite vers la table à laquelle la divinatrice l’attendait et tira une chaise vers lui pour s'asseoir en face de la femme.


- Bien, Mélicendre. Vous m’avez promis un service.


- Oui, que vous avez refusé sans réfléchir… Mais je suis une femme de parole, donc je vous écoute. 


- Je suis venu vous demander plus qu’un simple service. Seulement, j’ai besoin de savoir…



Il se pencha au-dessus de la table, l’air grave, fixant la divinatrice du regard. Mélicendre lui lança un sourire en tendant l’oreille, intriguée.

- Hum… oui ?



- Puis-je vous faire confiance, Mélicendre ?


- Cela dépend de vous, très cher Valriel…


- En effet, la confiance est une chose malléable.


- … Et achetable, surenchérit Mélicendre.


- Dites-moi, que  désirez-vous le plus ? L’amour ? La gloire ? La richesse ? … La vengeance ?


- Je vous fais don de votre demande et une bourse pleine suffira à me faire taire…


- Vous ne comprenez pas…


- Hum, expliquez-vous.


- Je ne vous demande pas un service, Mélicendre. Je vous demande de travailler pour moi.



Elle observa Valriel, haussant un sourcil.

- Travailler pour vous ? Tiens donc, en voilà une surprise… Je suis curieuse.


- Mais pour cela, j’ai besoin de connaître le prix de cette confiance. Avant que je ne vous en dise davantage. Alors, que désirez-vous ? Votre prix sera le mien.


- Je n’ai que faire de l’amour, car l’amour est un sentiment néfaste et qui dilapide le pouvoir, je n’ai que faire de la gloire, car je trouve cela trop… tape à l’oeil et inutile, la vengeance, pas besoin, en général, le destin s’en charge pour moi. En revanche, l’argent…


- La richesse, hmm. Je peux comprendre. Les chiffres sont une valeur sûre, immuable. On peut leur faire confiance.


- C’est exactement cela.


- Très bien, vous voulez de l’or, vous en aurez. Je ne vous demande qu’une chose.


- Oui, dites-moi ?


- Ne me trahissez pas.


- Sachez Valriel, que je n’ai qu’une parole et si votre offre est intéressante, nous scellerons cela par un pacte écrit. Je ne… plaisante pas avec les affaires.


- Écrit ? Non. Ce serait trop simple. Je ne vais pas me fier à un vulgaire bout de papier. 


- Hum, mais oui… pardon, un rituel magique, un sort de lien…


Je pensais que vous étiez clairvoyante. Si je viens vous voir, ce n’est pas seulement pour garder au chaud quelques petits secrets. Je viens vous voir pour que vous soyez mes yeux là où je ne verrai rien.



- Bien, je vois.


- Êtes-vous bien sûre ? Dites-moi, Mélicendre ? À quoi êtes-vous loyale ? À l’or ? Ou la vie humaine a-t-elle une quelconque importance pour vous ?


- Au risque de me répéter, l’or, mais si cela vous inquiète tant…


- Non, cela ne m’inquiète pas, l’interrompit-il. J’ai vu comment vous avez traité Ivy. C’est pour cela que je suis là. Vous êtes la candidate idéale. Voyez-vous, Mélicendre, j’ai besoin de personnes telles que vous.


- Ah-a, je n’ai absolument rien fait a cette petite enquiquineuse, j’ai… simplement divulgué quelques informations, bref.


- Oui, oui… Nous savons tous les deux très bien ce que vous avez essayé de faire. Mais en l'occurrence, cela m’arrange.



Mélicendre leva les yeux au ciel avant de lui lancer un sourire. Valriel poursuivit.

- Vous avez prouvé que votre personne et vos intérêts passent avant les autres.


- Bien sûr, comme vous, Valriel, après tout, il y a une raison à toute chose.


- Comme moi ? Mes intérêts vont bien au-delà de ma propre personne. 


Il marqua une courte pause, avant de reprendre.


- À présent et avant que nous ne poursuivions cette discussion, je dois savoir…


- Hum, hum… oui ?


- Pouvez-vous espionner et voir le présent et l’avenir, non pas d’une seule personne mais de plusieurs ? Vous croyez vous capable d’être sur le qui-vive et de me fournir des informations dès que je ferai appel à vous ?


- Hum… Bien sûr. D’une personne à la fois, seulement. En revanche, un groupe demande énormément de ressources, d’énergie et de concentration.


- Hmm… lâcha Valriel pensivement. Je peux amplifier votre puissance magique si c’est de cela dont vous manquez.


- Oui, cela peut faire l'affaire.


- Je ne veux pas de suppositions. Je veux être sûr de ce que j’achète.


- Je n’aurai besoin que d’une goutte de votre essence magique… dit-elle, songeuse. Et cela pourrait me permettre d’élargir mon champ de vision à notre guise. Pour en être certaines, j’aurais besoin que vous en emprisonniez un peu dans une sorte de talisman… un bijou.



Il acquiesça avec satisfaction.

- Bien. Parfait, conclut-il. Alors je vais vous expliquer pourquoi j’ai besoin de vous.
- Je suis tout ouïe.


Valriel sortit alors une pierre bleutée et lumineuse de l’intérieur de son plastron avant de la lui tendre avec précaution.


- Tenez.


- Jolie couleur, lança Mélicendre en prenant la pierre.


- Ce n’est pas un joli bijou. Cette pierre est chargée d’une grande quantité de mon énergie.


- Je vois cela, mais cela fera amplement l’affaire.


- Rechargez-là chaque nuit à la lueur des étoiles. Et utilisez-là seulement dans cet écrin.


Il lui tendit alors une petite boîte de métal sombre.


- Vous n’allez pas essayer de m’apprendre comment on recharge une pierre, Valriel, haha ! - pouffa Mélicendre en attrapant le petit écrin.


- Savez-vous ce qu’est cette pierre ?


- Une pierre Ayléide ?


- Exact. Une pierre de Varla pour être précis, répondit-il, prononçant ces mots avec une certaine fierté.


Elle ouvrit le petit écrin pour y placer la pierre.


- Il n’y a personne de nos jours qui sache s’en servir sans les détruire. 


- Des ignorants sans doigté, plaisanta Mélicendre avec un sourire vicieux.


Valriel garda le silence, la dévisageant avec un regard emprunt de lassitude.


- Personne à part moi.


- Rire ne vous ferait pas de mal, vous savez, ? Vous êtes si… tendu. Mais vous disiez ?


L’Altmer fit la moue. 


- Pourquoi tout le monde me dit cela ? Il y a un temps pour tout. 


- Il faut savoir mêler  l’utile à l’agréable, je vous apprendrai…


- Prenez grand soin de ce cadeau.


- Bien évidemment, je connais la valeur de cette pierre.


- Pourquoi croyez-vous que je me donne tant de mal ?


- Éclairez-moi…


- J’ai besoin que vous soyez mes yeux. Que vous voyez les desseins des Compagnons. De chaque individu de la Citadelle.


- Les Compagnons ? Vraiment ? Mais vous n’en faites pas partie ?


- En effet. Mais je ne peux pas tout savoir. Ghorthul, Zéphyriel, Phèbe, Mazar, Ivy, Skonsky, Korsen, Karovna et tous les autres. Je veux pouvoir avoir un oeil sur chacun d’eux.


- Vous souhaitez espionner les hommes à côté desquels vous vous battez ? Eh bien je dois dire que c’est intéressant.


- Vous questionnez ma moralité ?


- Je suis mal placée pour parler de moralité… Je trouve ça, comment dire… amusant. Bien sûr, c’est assez simple à effectuer. Que recherchez-vous exactement ?


- Vous espionnerez aussi souvent que nécessaire et me ferez des rapport détaillés. J’ai besoin d’avoir quelques coups d’avance… Pas de voir dans un avenir lointain, juste le présent et le futur très proche.


- Et en ce qui concerne Ivy, ne possédez-vous pas déjà la dague qui a vu passer son âme ? Grâce à cette acquisition, Ivy ne devrait pas vous poser de “problème”.


- Ivy n’a jamais été un problème, elle est une solution.


Cette remarque fit grincer des dents Mélicendre.


- Bien, bien. Vous désirez un rapport discret, je suppose ?


- Oui. Chaque semaine. Et dès que je vous le demanderai. Vous me rendrez des comptes et n’entreprendrez jamais rien qui pourrait entrer en conflit avec mes intérêts. Vous acceptez ?


- Bien, je propose de nous donner un point de rendez-vous et une heure tardive et je viendrai à vous pour vous faire mon rapport, cela vous convient ?


- Oui, nous conviendrons d’un lieu ensemble.


- Bien sûr, je vous promets de ne rien faire sans votre accord... sauf si vous me le demandez, bien sûr, lança-t-elle avec un regard empli de sous-entendus.


- Ne vous en faites pas. Vous ne ferez rien sans mon accord. Je m’en assurerai.


Il se releva alors subitement, repoussant la chaise en arrière et annonça :


- Bien. Nous allons pouvoir nous rencontrer officiellement, dans ce cas. Et sceller notre pacte.


- Intéressant… murmura-t-elle, intriguée.


- Laissez-moi, un moment, je reviens, lui avisa-t-il avant de partir derrière les paravents.


Il ôta ses bandages, se massant le visage, ravi d’avoir enfin pu ôter ce masque de tissu. Il revint alors vers Mélicendre et tendit la main vers elle tandis qu’elle observait son visage avec intérêt. Elle posa sa main dans la sienne et il la lui serra.


- Enchanté, dit-il solennellement.


- De même. Qu’il est plaisant de vous voir ainsi… dévêtu.


- Profitez-en, c’est à peu près tout ce que vous verrez de moi.


- Je saurai m’en contenter. Mais c’est tellement dommage de dissimuler un si joli visage derrière de si vilains bandages…


- Je croyais que vous saviez pourquoi je faisais cela.


- L’ironie, Valriel, l’ironie.


- Bien… Êtes-vous prête à sceller le pacte ?


- Oui !


- Vous n’avez pas peur d’un peu de sang, j’espère ?


- Aha… Je scelle mes coffres de mon sang, donc… hum, non, ironisa Mélicendre.


- Bien, lâcha-t-il en sortant une dague de son ceinturon.


- Derrière vous, il y a ce qu’il faut, dit Mélicendre en désignant une vasque remplie d’eau posée sur un socle. Ne salissons pas mon tapis, je vous prie.


- Bien sûr, répondit Valriel, s’avançant docilement dans la direction indiquée, tandis que Mélicendre sortait déjà des bandelettes de tissus.

Valriel plongea son regard dans celui de la sorcière et lui intima : 
- Laissez-moi faire et donnez-moi votre main.

Humblement, elle tendit une main vers lui.
- Avec plaisir.


Son attitude intrigua l’elfe qui prit sa main dans la sienne, un sourcil levé.


- Prenez votre temps, Hum… je commence à trouver cela agréable… Dit-elle d’un ton suave et taquin.


- C’est cela… Ne dites plus un mot sauf quand je vous le dirai. À mon signal, vous répondrez par “Arcta” 


- Bien Valriel, approuva-t-elle sur le même ton.


Valriel ferma les yeux en ressentant l’énergie de Mélicendre. Elle ressentit une vague de chaleur vibrante qui navigua par ses doigts, puis il dit d’une voix sonore :

- A cele Aesril no Ehlnofey, altai no Menduil… Cey no Daedra av Aedra Buro, Caln Mélicendre av… - il s’interrompit pour ouvrir les yeux vers la divinatrice - D’où venez-vous ? demanda-t-il. 

- Elsweyr Sud. Répondit-elle avec surprise.



Mélicendre caressa vicieusement la paume de l’Altmer, en souriant, tandis que Valriel, prenant une profonde inspiration tentait de garder son calme avant de reprendre doucement, se raclant la gorge.

- ...av Elsweyr. Balangua aem Ceyede um Aynyamis.


Une lumière apparut entre leurs paumes, Valriel ouvrit alors les yeux et plongea son regard dans celui de Mélicendre. Elle lèva un sourcil, le regardant perversement avec un sourire, se plongeant à son tour dans ses yeux verts, il fronça les sourcils, l’air grave, pour lui intimer de se calmer. Il attrapa la dague et entailla sa propre main. Mélicendre tenta de reprendre son sérieux quand il reprit l’incantation en langue commune, prononcée très doucement.


- Je noue ce pacte avec Mélicendre. Elle ne pourra à aucun moment parler de notre accord à qui que ce soit. Elle devra respecter les termes de ce pacte et promet d’être mes yeux dans la toile de l’avenir, du présent, des hommes et des Mers. Par mon sang, je noue mon destin au sien. Mélicendre, ici, accepte de son plein gré les termes de ce contrat. Elle noue ainsi son destin au mien.


Il prit la main de la divinatrice et l’entailla à son tour de la même dague. Mélicendre ne ressentit pas la douleur et n'afficha aucune expression sur son visage, Valriel haussa les sourcils, surpris de l’absence de réaction chez la divinatrice.


- C’est votre heure de gloire, Mélicendre “Arcta”.


- Arcta !


La lumière dans les mains de l’Altmer s’amplifia alors un moment avant de se résorber doucement. Mélicendre afficha un sourire en coin puis attrapa les bandes de tissu qu’elle avait préparées, levant les yeux vers Valriel et d’un regard vicieux essuya le sang de la paume de l'elfe. Surpris, il écarquille les yeux mal-à-l’aise.


- Hum..


- Ahh. lâcha-t-elle, dans un soupir profond. Et bien, savez-vous comment j’aime sceller ce genre de pacte Valriel ? 


- … Non ?


Mélicendre se rapprocha de lui sensuellement, posant une main sur son torse. Valriel regarda ailleurs, inconfortable par son attitude osée. 


- Qu’est-ce que vous fichez…


- Voyons, ne soyez pas si prude… Il faut savoir lier l’utile à l’agréable, Valriel.


- Ne vous méprenez pas sur moi, lança-t-il en attrapant son poignet sans ménagement.


- Oh ! Vous n’êtes pas drôle ! 


- Vous êtes utile. Vous ne m’êtes pas agréable. 


- Quel dommage, s’exclama-t-elle dans un soupir, retirant sa main en souriant. Vous buvez du vin ? 


Mélicendre se dirigea vers sa cave à vin personnelle, dans l’arrière-boutique, et servit deux coupes d’une des meilleures cuvées du Couchant. Elle s’approcha de lui et lui offrit un verre dans un sourire charmeur. 


- Merci.


Il observa le contenu de la coupe, suspicieux, humant les arômes, tentant de deviner si elle avait mis quelque chose dans son verre.


- Dites-moi Valriel ? Que faites- vous chez les Compagnons, si vous ne leur faites pas confiance ? 
 

- Cela ne vous regarde pas.


- Vous ne me faites pas confiance ? s’indigna t-elle. 


- Non, et à juste titre. Pas juste à vous. À tout le monde. Nul n’est digne de confiance, Mélicendre. Vous devriez le savoir.


- Alors, reconnaissez-vous ce vin ? demanda-t-elle, ignorant sa remarque. N'est-il pas divin ?


- Il est très bon.. Un cru du Couchant ? 


- Oui, c’est exact, Une des meilleures cuvées…

Il eut un petit rire cynique.


- Nous sommes douées pour trois choses là-bas : la magie, le vin et l’hypocrisie. Toute ma chienne de vie j’ai dû jouer leur maudit jeu et être quelqu’un d’autre.


- Il est vrai, mais sachez que le meilleur moyen d’avoir un coup d’avance sur les autres, c’est dans être assez proche pour connaître la moindre faille, le moindre recoin de leur vie, si insignifiante soit-elle, je ne vous fait pas de dessin, vous comprenez bien ma relation avec Ivy…


- Vous comprenez à présent ce que je fais chez les Compagnons.


- Haha, Oui en effet. Mais je doute que vous soyez assez proche d’eux, avez-vous créé des liens ? Je veux dire, de vrais liens.


- Je n’ai pas besoin de créer des liens, juste de savoir sur quelles ficelles tirer. Mais pour Ivy, c’est un jeu d’enfant. Croyez-moi, si je suis encore en vie aujourd’hui, ce n’est pas en faisant quelques tours de magie.


- Ce n’est qu’un petit conseil d’une femme qui vit de ruse, manipulation et de vice...  insinua-t-elle avec sarcasme.


- Bien-sûr Ivy est naïve ! Cependant ne la sous-estimez pas, ne sous-estimez personne ! Cette petite peste à des élans de lucidité parfois, haha !


- Ivy n’est plus libre à présent… Elle ne risque pas de tenter quoi que ce soit.


- C’est une bonne chose, au moins elle est sous contrôle.


- Comment pouvez-vous dire des choses pareilles ? 


- Dire quoi ?  Demanda-t-elle en levant un sourcil vers lui.


- Des horreurs. Au sujet de cette jeune femme innocente.


- J’ai mes raisons. 


- Si vous le dites… Je dois vous laisser. Je ne peux pas m'éclipser très longtemps.


- J’ai trouvé ça bien plaisant, Valriel, Je vous fais confiance pour ma part...


Il dépose sa coupe sur la table,

- Vous ne devriez pas.

- Laissez-moi en juger ! 


Il dépose une bourse d’or bien remplie sur la table, que Mélicendre observe, un sourire en coin s'étirant sur son visage.


- Méfiez-vous de tout le monde, Mélicendre. Pas seulement de moi. Et une dernière fois : ne me trahissez pas.


- Bien sûr Valriel. S’exclama-t-elle dans un sourire alors qu’il la regardait inquiet.


- À très bientôt, Mélicendre. Vous devriez vous mettre au travail dès maintenant, et n’oubliez pas la pierre.


- Évidemment



Valriel se pencha à son oreille.


- Si vous essayez de me jouz un sale tour, je le saurai. Et si vous approchez d’Elia… Je vous tue. 


Mélicendre profita de leur proximité pour se rapprocher de ses cheveux et en humer leur parfum, s’en délectant.


- Ne vous inquiétez pas, je l'estime trop pour ça, répondit-elle sur un ton suave.


- Hmm. Quelle folle… souffla-t-il.


- Pour le sale tour… Ne considériez-vous pas la divination comme un banal tour de magie ? dit-elle sarcastique d’humeur taquine.


- C’en est un. Combiné à mon ambition, c’est un pouvoir formidable. Soyez heureuse que quelqu’un se serve de vos talents comme il se doit, dit-il en remettant ses bandages.


- Qu’elle adorable façon de voir les choses. J’en suis ravie.
 

- Adorable ?


- C’est adorable, cette ignorance, je trouve presque cela mignon. 


- Ignorant ? Moi ?! 


- Je vous apprendrai… quelques tours de passe-passe. dit-elle, taquine un sourire en coin.


- C’est-ça oui… Comme pour attirer des hommes dans votre lit, je suppose ?


- Oh nooon… ça c’est mon petit plaisir…


- Je vois… Se raclant la gorge mal à l’aise.


- Voyons Valriel, Vous m’avez déjà dit non plusieurs fois, je ne vais pas vous courir après, je ne vais pas me glisser dans votre lit la nuit voyons… Elle réfléchit en souriant.


- J’espère bien…


- Ne me donnez pas d'idées, je pourrais prendre du plaisir à vous taquiner, haha.


 - J’ai assez à faire avec l’autre cinglé de Nordique, qui me menace de me déshabiller à la moindre occasion…


Mélicendre interrompit Valriel,


- Avant de partir Valriel… Je vais vous montrer quelque chose.


- Hmm… De quoi s’agit-il ? 


- Je vais vous montrer ce que soif de pouvoir et sentiments poussent à faire. Pour que vous compreniez jusqu'où je suis capable d’aller, quand il s’agit de mes intérêts. 


Ils se dirigèrent vers le fond de la pièce dans l’intimité de Mélicendre, et s’approche d’une coiffeuse en chêne gravée sur laquelle se trouve un coffret de bois, qu’elle prit délicatement dans ses mains. Une aura puissante s’en dégageait, d’une couleur rougeâtre. Valriel put ressentir l’énergie magique qui l’entourait et la puissance du sort.


- Dans ce coffret, Valriel… se trouvent mes sentiments.


- Vos… sentiments ?


- Vous ressentez…

Il approcha sa main au-dessus du coffret.


- … Par Magnus… Mais qu’avez-vous fait ?


- C’est bien cela, tout ce qui pouvait m’empêcher d’être ce que je suis aujourd’hui, La peur, la tristesse, la colère… L’amour. Tout est dans ce coffret.


- Je comprends mieux… Il semblerait que j’aie fait le bon choix en effet.


- Il y a souvent une raison pour que les chemins se croisent.


- Je ne crois pas au destin.


- Je m’en doutais.


- C’est moi qui vous ai choisie.


- Ne me fait pas rougir… lança-t-elle, feintant la gêne avant de se laisser transporter par des idées perverses, s’imaginant prendre une position aguicheuse sur le lit.


- Qu'est ce que vous allez encore vous imaginer…


- Moi !?? 


- Oui. Vous voyez quelqu’un d’autre ? 


- Rien du tout voyons…


- … Bien je vais y aller.


- J’avais bien encore quelques heures devant moi avant le prochain client, mais… Vous ne voulez pas que je vous détende, alors bon… Dit-elle taquine un sourire en coin.

Je me "détendrai" tout seul, ne vous en faites pas. En arrêtant sa progression vers la sortie.


- Huum, je l'imagine très bien, oui. Savez-vous au moins que c’est un bon moyen d’avoir les idées claires ? Je dis ça… je ne dis rien. En mimant un geste de loquet sur sa bouche.


- Croyez-moi, je sais quelle sensation cela fait d’être avec la bonne partenaire. Vous savez que vous êtes une femme séduisante. Mais vous pouvez faire tellement mieux que cela.


- Hum, hum ne soyez pas méchant, je suis une très bonne partenaire, j’ai aussi un vague souvenirs de ce que l’on peut ressentir.


- Pauvre de vous… Au moins, j’ai mes sentiments.


- Je ne suis pas à plaindre… je prends du plaisir, cela me convient.


- Bien, si vous le dites… Je vous laisse.



- À très vite, Valriel.


- Ne chômez pas.


- Oui, oui ! 


- Merci pour vos services. Je referais appel a vous.


- Bien sûr.


Dernière édition par Général Patafouin le Dim 6 Fév - 12:20, édité 2 fois
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Le Mage & le Serpent Empty Re: Le Mage & le Serpent

Sam 30 Oct - 15:34
Mélicendre avait écouté les conseils de Valriel et n’avait pas chômé. Pendant plusieurs jours, elle avait reçu les Compagnons : Ganzaëlle, Karovna, Phèbe et même des personnes extérieures, mais étroitement liés à certains d’entre eux : Corvina. 

Grâce à la pierre de Varla, ses pouvoirs étaient amplifiés, elle n’avait aucun mal à entrer dans la tête de chacun d’entre eux pour découvrir leurs secrets, leurs peurs, leurs faiblesses. 
Jusqu’au jour où, il y eut un petit… Imprévu. Elle s’était glissée dans le lit de Valriel à la Citadelle pour faire son rapport régulier, et en profiter pour se rincer l’œil, le taquinant comme à son habitude. Quand elle fut sauvagement enlevée à lui par : Zéphyriel, qui avait ressenti sa présence. Il la conduisit dans sa chambre en compagnie d’Elia. Les Compagnons étaient perturbés par une série d’évènements étranges, et leurs déductions les entrainaient à penser que l’un d’entre eux était un traître.  
Zéphyriel achetât Mélicendre, ou plutôt l’un de ses services, en lui proposant de l’or contre une divination, il souhaitait savoir si elle pouvait découvrir qui était la personne qui avaient déposé la lettre de menaces que le Vicompte avait reçu à la Citadelle menant ainsi la discorde. Elle s’exécuta donc avec joie, et quand elle prit l’objet dans ses mains, c’est sans aucune peine qu'elle reconnut la main de Valriel écrivant le document, ainsi que son visage, missionnant un messager… Mais bien-sûr, tenue au silence, elle devait protéger son employeur, alors elle dissimula cette information, en réfléchissant à toute allure, cherchant vers quel coupable idéal pouvait-elle diriger ses deux fouineurs. 
C’est tout naturellement que le choix se portait alors sur Ganzaëlle, elle l’avait vu et avait eu des échanges charnels avec lui récemment, elle avait également eu plus de mal que prévu à entrer dans sa tête, mais ce qu’elle y avait vu l’avait troublée, intriguée : c’était un personnage mystérieux, un Bosmer qui grimait son apparence… En bref, le coupable idéal… Alors avec elle affirma, en justifiant une vision floue, dûe au temps qui s’était écoulé, qu’elle avait pu voir et dit à voix haute :
 
Hum ... bien. Je ressens deux hommes distinctement, l'un est trop loin temporellement, l'auteur probablement, mais je vois un homme plus proche de notre temps, un messager peut être, Hum... Je ressens, une essence... ah.... un mage. Hum, intéressant, il se cache sous les traits d'une autre ethnie, je vois une moustache et des yeux malicieux…


Une fois chose faite, elle repartit sa bourse en poche, attendant que Valriel vienne lui rendre visite. Ce qu’il fit très rapidement.


❈ ✥ ❈


Mélicendre rangeait les livres dans la grande bibliothèque se trouvant dans la première salle de sa demeure, quand Valriel passa la porte.  Elle se retourna quand celle-ci se ferma.


— Bonjour Valriel. Dit-elle d’une voix malicieuse.  
— Mélicendre. Alors, allez-vous me dire ce que vous voulait Zéphyriel ?
— Hum… Ce rustre, sans manière m’a emportée dans sa chambre en compagnie d’Elia figurez-vous ! 
— Comme quoi, ce n’est pas parce que l’on est un “grand guerrier Psijique” que cela vous apprend les bonnes manières. Les habitudes ont la vie dure. Que voulait-il ?
— En effet ! Même si je dois bien avouer que cela n’était pas... désagréable, haha. Enfin, il souhaitait acheter mes services pour une divination…
— Une divination ? À quel propos ?
— À propos d’un joli parchemin… Lâcha-t-elle avec un sourire malsain en dressant ses sourcils.
— Un parchemin ? Hmm… Je suppose qu’il était curieux de savoir qui lui avait envoyé du courrier. Que lui avez-vous dit ?
— Hum… Oui, c'est cela même. J’ai dû improviser en voyant votre doux visage Haha,  je les ai menés sur une fausse piste…
— Improviser ? Je n’aime pas vraiment cela… 
— Je n’avais pas vraiment d’autre choix ! 
— Bien sûr, bien sûr. Qu’avez-vous dit ?
— Ils pensent que c’est l’un d'entre vous, j’ai donc donné une fausse description assez floue, mais assez claire pour que leurs soupçons se portent sur une personne en particulier.
— Ça semble astucieux. À qui ont-ils pensé ?
— Je les ai subtilement dirigés vers un compagnon à la langue habile, haha. Le suspect parfait en somme : Ganzaëlle… Il est discret, mystérieux, c’est un petit cachotier... répondit-elle se réjouissant du compliment, dans un rire sournois.
— Excellent choix, lança-t-il en esquissant un imperceptible sourire dans lequel on pouvait lire une pointe d’admiration. Je dois dire qu’il m’intrigue moi-même. Et ils sont tombés dans le panneau ?
— Et… Bien hum… Oui. 


Il haussa un sourcil.


— Vous semblez hésiter. Que s’est-il passé ?
— Ils ont mené leur enquête et je me suis fait aspirée par un portail d’Elia… Car elle avait besoin de mes services… Haha. De telles manières. Soupira-t-elle


Elle leva les yeux au ciel, en levant une main proche de son visage en pressant son pouce contre son index.


— Elia ? Pourquoi cela ?
— Parce qu’ils ont suspectés Ganzaëlle. Répondit-elle avant de lâcher un rire pincer.


Elle tourna les talons subitement et partit chercher du vin. Valriel la dévisagea, surpris.


— Vous voulez du vin, Valriel ? Cria-t-elle à l’autre bout de la pièce.
— Oui, merci, abdiqua-t-il sans plus y réfléchir. 


Il savait pertinemment que Mélicendre ne concevait pas une entrevue sans un verre de vin et il devait bien admettre que cela détendait ses nerfs. Il se saisit gracieusement du verre que Mélicendre lui tendait.


— Un des meilleurs vins ! Lança-t-elle. Nous en avons bien besoin.


Il se leva à son tour, se dirigeant vers elle, intrigué de son comportement.


— Donc… Ils ont pensé à Ganzaëlle, mais celui-ci a clamé son innocence.
— Hmm. Logique.
— Après avoir discuté dans un coin avec Elia, Ghorthul a... il est littéralement devenu fou.


Valriel se fendit d’un sourire narquois.


— Fou ? De plus en plus intéressant. Comment ?
— Il a voulu m’enfermer dans une cage ! Vous vous imaginez, et sans raison en plus, parce qu’il pense que je ne suis pas honnête.
— Qui aurait pu croire que le grand Ghorthul était si clairvoyant ! 
— Hum… Je suis parfaitement honnête. Mon honnêteté vous appartient déjà… Haha. Lâcha-t-elle dans un rire sournois, levant les yeux au ciel.
— C’est vrai, c’est admirable de votre part, Mélicendre.


Mélicendre vida son verre, à grandes gorgées, ce qui n’échappa pas à Valriel qui l’observa en haussant un sourcil perplexe.


— Vous devriez peut-être y aller plus doucement... Que vous arrive-t-il donc ? 
— En tout cas, malgré le fait qu’il n’ai eu aucunes preuves j’y ai échappé de peu. C’est Elia qui m’a sortie de là, en oubliant son animosité à mon égard. - Elle marqua une pause en regardant son verre puis Valriel - Oh ! Ne vous en faites pas, je tiens mieux le vin que le skooma. Haha.
— Vous… prenez du skooma ? 
— Seulement pour les grandes occasions, voyons ! Je sais me tenir, ironisa-t-elle en souriant.
— Hmm… Une chance que vous ne vous soyez pas faites enfermer.
— Je vous aurais manqué ? Et… Pour Elia, elle à ressenti votre magie ! J’avais votre pierre en main quand je me suis fait aspirer dans son portail.


Il s’arrêta de boire, tandis que Mélicendre continuait de sourire en restant sérieuse.


— Manqué ? Pourquoi ? 
— Vous n’êtes vraiment pas doué !
— Pas doué ? Moi ? Demanda-t-il surpris en pointant son torse du doigt. Que voulez-vous ? Que je mette un genou à terre et que je vous chante une sérénade ? 


Mélicendre lâcha un rire franc et joyeux. Aesril déposa son verre sur la table avant de se replacer devant elle.

— Oui, vous n’êtes pas doué ! Haha et bien, je serais vraiment curieuse de voir cela ! 
— Hahaha, moi aussi ! s'exclama-t'il avec sarcasme, feignant un rire. Vous disiez qu’elle a ressenti ma magie elle aussi ? Elia je veux dire. Elle sait que c’est moi ? 
— Oui, elle le sait. À cela j’ai donc répondu en chuchotant que c’était un présent de mon amant, donc vous, alors il faudra jouer le jeu.


Sur les explications de la divinatrice le sourire de l’Altmer disparaît.


— Vous lui avez dit que nous étions amants ?!
— Amants, Amoureux, en couple, ce que vous voudrez ! Nous avons une relation amoureuse à présent... Lâcha-t-elle un sourire vicieux en coin.
— Hm… Ce sont les aléas du plan, je suppose.
— Oui, oui en attendant il reste un problème, je ne peux plus venir vous voir à la Citadelle… à présent, Elia et Phèbe sont au courant de votre “Cadeau”, et Ganzaelle va tout faire pour découvrir qui est derrière cette fausse accusation.
— Par Auri-El… Les choses se compliquent et se précipitent…
— Il nous faut réfléchir… et faire attention à nos futurs actions mon chéri…

Valriel faisait les cents pas dans la pièce songeurs, tandis que Mélicendre dévorait son fessier du regard avec attrait en haussant les sourcils.  

— Hm… C’est embêtant. Pour Phèbe plus que pour Elia. Je me doute qu’Elia commence à comprendre c’est la suite logique.
— Oui, je pense aussi, elle est... perspicace
— Je ne sais pas quoi faire d’elle…
— Je pense que nous devrions utiliser la colère incontrôlable de Phèbe avec Ghorthul. Selon moi, il peut être un problème, s’il souhaite vraiment m’enfermer, je doute qu’il s’arrête là.
 Ghorthul est une pièce maîtresse. Répondit-il en jouant pensivement avec sa magie.
— Je m’en doute…
— Avez-vous quelque chose à me suggérer ? 
— Hum… En ce moment Ghorthul est dérangé et s’emporte vite… Hum et Phèbe est en colère… Je doute qu’ils aient besoin de notre aide pour que tout dérape. Mais… Au cas où… Il nous faudrait un petit caillou à jeter dans la marre. Répondit-elle en pleine réflexion, posant un doigt sur son menton redressant un sourcil.
— C’est formidable...


Mélicendre leva un sourcil de surprise face à sa réaction et sourit malicieusement.


— ... Comme prévu, ce sont des pièges sur le point d’exploser.
— Nous devons également nous charger de Ganzaëlle. Il n’a pas que sa langue qui est habile… 
— Les mortels n’ont besoin que d’une pichenette pour s’entre dévorer. Elia s’en rendra bien vite compte. Lâcha-t-il satisfait.
— Hmm… Ganzaëlle.
— Des “Mortels” ? hum… Quelle expression étrange mon chéri.
— Pour Ganzaëlle, Oui, il va finir par devenir embêtant… Mais que sait-il après tout ? Et bien oui, n’est-ce pas ce que nous sommes ? Des mortels ? Esclaves de notre propre condition ?
— Il est vrai. Acquiesça-t-elle avant de reprendre. Il ne sait rien pour le moment, mais je suis sûr qu’il ne tardera pas à faire le lien…
— Comment quelles pistes a-t-il ? 
— Il sait que je suis entrée dans sa tête, il sait aussi que je vous vois et avec cette accusation, il ne tardera pas à avoir des doutes, j’en suis persuadée. - elle réfléchit - Cependant Ghorthul n’a plus confiance en lui… et cela peut jouer en notre faveur… s’il apprend que Ganzaelle et moi, nous nous voyons… Hum, je me demande comment réagirait-il ? Demanda-t-elle dans un sourire vicieux en feignant la réflexion.
— Hum… Cela peut être aussi astucieux que risqué.
— Vous trouvez ?
— La colère impulsive de Ghorthul est son point faible…
— Justement. Lâcha-t-elle en lui coupant la parole. Son impulsivité peut jouer dans notre camp. Si Ghorthul enferme des innocents ? Comment réagiraient les compagnons ? Où… s’il venait à tuer des innocents…
— C’est une si bonne idée… Le faire tuer des innocents. Je suis certain qu’une toute petite impulsion suffirait… Dit-il dans un sourire intrigué.
— C’est bien ce que je disais… “Un caillou dans la marre”. Reprit-elle vicieusement.
— Vous me surprenez, Mélicendre…


Elle se satisfaisait de sa remarque et lui offrit un sourire rayonnant.

— Qui aurait cru qu’un tel esprit se cachait derrière ces apparences ?
— “Ces apparences”... Vraiment ?! Je vous ai dit que vous ne le regretteriez pas… Répondit-elle faussement vexée.
— Vous semblez avoir rapidement compris mes intentions. Vous commencez à le voir, n’est-ce pas ? Le chaos ? 
— Oui, oui. Mais enfin, Divinatrice et perspicace, cela vous surprend ? Vraiment ? Et puis en quoi mon “apparence” m'empêcherait de comprendre vos inttentions ?
— Après tout, vous ne saviez pas pour mes bandages ou pour mon passé.
— Non il est vrai, je ne sais presque rien de vous ! La divination est plus complexe que cela.
— Hmm. Quand je parle de votre apparence, je ne parle pas forcément de votre physique.
— Hum… Vous savez, Valriel, la frontière pour arriver au chaos et souvent, très fine, elle peut prendre des formes diverses et variées. Déclara-t-elle dans un sourire vicieux.
 Oui, les êtres vivants rendent ce monde si chaotique.... Cela semble vous plaire ?
— Oui, presque autant qu’à vous…
— Vous croyez que le chaos me plaît ? Le chaos n’est qu’un outil, tout comme… 
— Oui ? 
— … Oubliez. 


Mélicendre fronça les sourcils en plissant les yeux, croisant ses bras sur sa poitrine doucement.


— Hum… C’est malpoli de ne pas finir ses phrases !
— Ce que je m’apprêtais à dire ne vous aurait pas plû. Vous voyez, je peux être délicat avec les femmes…
— Je vous suis utile… Fidèle et je suis sûr que vous me trouvez même agréable Valriel, pourtant vous vous terrez dans le silence… Vous alors ! Lâcha-t-elle en levant les yeux aux ciels.
— Oh allons Mélicendre… Vous savez à quel point je ne peux plus me passer de vous.
— Je risque de me faire enfermer pour vous ! Et vous continuez de vous méfier en me cachant les choses. Je trouve cela très léger… Hum… Vous avez de la chance d’avoir un aussi beau… Minois ! 
— Je ne me méfie pas de vous Mélicendre, je ménage vos sentiments. Toutes les pensées ne sont pas bonnes à partager.


Elle sourit en coin avant de lâcher un rire franc et spontané.


— Sentiments ! Haha avez-vous oublié à qui vous parliez ? 
— C’est vrai… J’oubliais. 
— De plus, je vis de cela. Je partage et reçois des pensées dont vous n’imaginez pas l’obscurité, alors pardonnez-moi, mais vos pensées… et vos mots, peuvent être amplement encaissées.

Si vous vous faites enfermer, je trouverais une solution.
— J’espère bien que vous trouveriez une solution, non pas que cela m’ennuie mais, qui va faire tourner ma boutique ? Je doute que mes clients soient ravis de vous voir à ma place.


Sur ses mots, elle pouffa de rire, hilare, en imaginant la scène, tandis que Valriel haussa les sourcils avant d'esquisser un rire moqueur à son tour.

— Haha ! J’imagine ! Mais vous n’avez pas vu mes souvenirs, chère Mélicendre.
— Alors montrez-moi ! Valriel. Montrez-moi que je ne risque pas ma liberté ou ma vie pour rien.

Il redevint subitement sérieux.


— Vous n’avez pas vu… ce que j’ai fait pour en arriver là. Vous voulez-voir ? Vraiment ? Demanda-t-il en s’approchant d’elle.
— Oui ! Je veux voir… Mais vous allez devoir m'aider, toute cette magie que j’ai utilisé…
— Vous aidez ? Pour quoi ? 
— À entrer dans votre tête et voir, répondit-elle en posant ses mains sur lui.
— Shh, non. C’est moi qui prends vos mains.


Mélicendre hausse un sourcil perplexe, en souriant. Il prit la main de la divinatrice pour la placer sur son torse près de son cœur dressant son autre main paume vers le ciel.


— Bien, allez-y, je vous laisse faire… Je suis toute à vous mon chéri… haha.
— Mélicendre… Vous savez que je n’aurais pas de geste déplacé.
— Hum… Quel dommage.


Elle rit de la situation, tandis que Valriel serra ses doigts et ferma les yeux en prenant une profonde inspiration. Ils se concentraient tous les deux sur leurs magies.


— Bien… Vous êtes prête ? 
— Oui. Répondit-elle avec détermination.


Mélicendre se sentait soudainement happée dans un autre univers. Elle se concentra et les images, les souvenirs arrivent avec douceur. Elle se trouvait dans une grande pièce baignée de lumière dorée, où il y avait un homme tourné vers de grandes fenêtres donnant sur la mer. L’homme se retourna pour afficher un visage froid, austère. Ce fut la voix de Valriel qui résonna en premier dans l’esprit de Mélicendre : “Bonjour Père. Cela me fait plaisir de vous revoir après tout ce temps.”. L’homme le dévisagea avec une extrême sévérité et bientôt, la divinatrice entendit d’autres bribes de conversation, tandis qu’il s’adressait à son fils d’une voix tranchante : “Tu es toujours le même : égoïste, arrogant, imbu de ta personne.” Elle vit son père, assis à son bureau, une expression de profond dégoût sur le visage : “Bon sang Aesril, mais combien de personnes as-tu tuées dans ta quête de savoir ?”. Et de voir Valriel exploser rageusement, quelque temps après : “Vous ne pouvez pas faire cela ! Je suis votre fils ! Votre seul fils !” tandis qu’il entrait dans une rage folle, le rendant méconnaissable. Elle le revit plus tard, dans un autre décor, de ce qui ressemblait à une chambre plongée dans la pénombre, dessinant sur les murs avec frénésie de mystérieux symboles. Elle entendit ensuite un son lointain, une musique plutôt, comme une berceuse aux tonalités sinistres puis les images s'enchaînèrent très vite, des flammes gigantesques, léchant le bois et les tableaux anciens, les pleurs d’une femme au visage doux que Valriel serrait dans ses bras, les cendres encore ardentes qui voletaient dans l’air… et un corps, parmi les décombres. La dernière image qu’elle eut fut celle d’un minuscule cylindre noirci de suie, embossé de petits picots… un cylindre de boîte à musique.


Il rouvrit très lentement les yeux, recouvrant ses sens, se replaçant fébrilement dans le moment présent, détaillant les expressions sur le visage de la divinatrice. Mélicendre ouvraient ses yeux à son tour lentement et redressa un sourcil perplexe. 


— À présent vous savez, lâcha-t-il à mi-voix. 
— Hm… Je vois. 
— Cela vous donne une idée de ce dont je suis capable quand ma survie est en jeu.
— Comme vous avez eu un aperçu en ce qui me concerne également. Sourit-elle en se mordant la lèvre plongeant son regard dans le sien.
— En effet. Cela ne vous effraie-t-il pas ? De collaborer avec moi tout en sachant cela ?
— Vous oubliez… encore ! je n'éprouve pas la peur… et puis je dois bien avouer que cela vous ajoute du charme. Haha.
— Du charme ? demanda-t-il avec circonspection. Vous n’avez décidément plus toute votre tête. Mais passons.
— Haha ! Vous avez raison… c'est sûrement tous ces enlèvements qui me troublent l'esprit. Reprit-elle dans un rire cynique. D'ailleurs ! Je commence à en avoir assez que l'on se permette de me téléporter et d'user de moi ainsi… ! 
— Hmm… C’est compréhensible.
— Pourriez-vous m'aider à protéger les lieux ? Je ne vous fais pas de dessin… 
— Les protéger ? De quelle façon ? En empêchant l’usage de la magie par autrui par exemple ? 
— Oui, c'est une délicieuse idée ! Une barrière qui couperait la magie des visiteurs sans qu'ils ne puissent s'en apercevoir. Répondit-elle en réfléchissant, avant de tendre vers lui un sourire malicieux.
— C’est possible. Je peux vous y aider. Toutefois, je pense qu’il est préférable que ma magie ne soit pas détectée.
— En effet, il faut doser, minutieusement de façon à ce que ce soit ma magie qui soit décelée et non la vôtre.
— Je pourrais pousser vos pouvoirs pour augmenter la puissance de vos sortilèges. Qu’en dites-vous ?
— C’est une excellente idée, mon chéri. Répondit-elle dans un rire malsain.


Il lui accorda un léger sourire narquois et désigna les lieux d’une main


— Dans ce cas, à vous l’honneur très chère. Je vous assiste.
— Bien, sourit-elle vicieusement.


Elle se plaça face à la porte, les paumes face à celle-ci puis scinde son index et son majeur, en traçant des formes géométriques, attendant l’impulsion de Valriel. Il ferma les yeux pour s’aligner sur l’énergie de Mélicendre et, décrivant un mouvement circulaire de ses bras, tendit la main vers elle, ouvrant les doigts, faisant vibrer sa magie en direction de son sort. Mélicendre dessinait des gestes fluides et mesurés, envoyant sa magie sur la porte, elle se propageait le long des murs, revenant jusqu’à elle une fois le sortilège effectué. 


— Cela devrait être suffisant.
— En effet. - Elle se rapprocha de lui en déposant une main sensuelle sur son torse. - Hum… Merci beaucoup pour votre aide, lâcha-t-elle lascivement, après s'être rapprochée, subitement. 
— Mélicendre… Vous ne cesserez donc jamais… N’abusez pas, je vous offre ma magie, rien de plus.
— Vous ne savez pas ce que vous loupez, Valriel. Hum… Cela pourrait-être si… Hum. Murmura-t-elle en posant ses mains dans sa nuque.
— Je me doute de ce que vous me proposez, dit-il avec un sourire pincé en retirant ses mains de sa nuque. Gardez votre énergie pour vos clients, vous en aurez bien besoin.
— Décidément… Vous n’êtes vraiment pas doué avec les femmes, vous !
— Ne me jugez pas trop vite, vous pourriez être surprise. 
— Haha j’aimerais bien voir ça tiens… cela changerait de votre humeur habituelle… lâcha-t-elle dans un rire moqueur.
— Voilà que vous commencez à être contrariante, lança-t-il d’un air faussement affecté. Et moi qui pensais que vous me trouviez charmant. Dans ce cas, je ne vais pas vous importuner plus longtemps, j’ai encore beaucoup à faire.
— Hum… Contrariante ? Haha, voyons, je suis sûre que vous appréciez. 
— Probable. Votre vin est bon également. Mais avant que je ne commette la folie de vous complimenter, je vais m’éclipser. N’oubliez pas de me tenir informé de chaque chose que vous apprendrez. Même si cela vous paraît anodin.
— En soi, vous avez hésité, je dirais que l’on progresse ! Répondit-elle dans un sourire vicieux.
— Si vous le dites. 


Il la salua d’une rapide révérence en avant, sans plus de formalités.


— À bientôt, Mélicendre.
— A très vite Valriel, j’ai hâte de vous revoir mon chéri, et n’oublier pas d’être convaincant … Haha sur notre idylle. 


Il pinça les lèvres en un sourire perplexe, levant les yeux au ciel.


— Je n’y manquerai pas.


Dernière édition par Général Patafouin le Jeu 17 Fév - 13:54, édité 1 fois
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Sam 6 Nov - 17:31
Le Mage & le Serpent La-fal10


Troisième partie - La Falaise


Valriel continuait de se rendre chez Mélicendre pour y recueillir ses rapports réguliers sur les autres Compagnons. Mais à mesure que le temps passait, il sentait que le vent était sur le point de tourner. Il savait que Zéphyriel recherchait activement le mage des ruines Ayléides de Cyrodiil et de plus en plus de Compagnons commençaient à émettre des doutes et à se pencher sur la question. Il ressentit donc le besoin d’assurer ses arrières. Et qui de mieux qu’une partenaire tenue au secret et à la loyauté par un pacte ancien pour lui venir en aide ? À cette pensée, il se rendit chez la divinatrice, résolu à assurer sa victoire sur cette complexe partie d’échecs.


- Mélicendre ? Êtes-vous là ?


Valriel s’avança dans la pièce d’un pas hésitant cherchant la divinatrice. Elle apparut subitement d’un pas vif, en entendant sa voix.


— Oh Valriel, Bonjour ! Quelle douce vision vous m’apporter là ! Je suis hum… Si heureuse de vous revoir.


— Nouvelle robe ? 


— En effet ! Elle vous plaît ?


— Hmm. Très distingué.


— Je trouve aussi !. Répliqua-t-elle en le dévorant du regard


— Comment se portent les affaires ?


— Hm… Malheureusement je n'ai rien de nouveau à vous rapporter… 


— Je vois… Peu importe. J’ai un nouveau service à vous demander. Qui n’impliquera pas forcément vos talents de divination, mais plus...


— Oh ! Vraiment ? Bien, je vous écoute, mais avant… Du vin ? Demanda-t-elle joyeusement.


— … Oui. Lâcha-t-il avec lassitude, coupé par sa proposition.

Il plongea ses yeux dans ceux de Mélicendre.


— Je ne me lasserai jamais que vous me regardiez de cette façon hum... Répliqua-t-elle vicieusement en se mordant la lèvre.



Elle traversa la pièce, se dirigeant dans la partie nuit ou se trouvait, derrière le paravent, sa cave à vin privée, elle revint avec deux coupes en verre et en proposa une à Valriel.



— Merci. Bien maintenant que j’ai toute votre attention, puis-je continuer ? 


— Oui, Alors dites-moi… Hm duquel de mes “talents” avez-vous besoin ? Demanda-t-elle taquine.


— De votre loyauté. Enfin celle que notre contrat vous force à avoir.


— Ah ça ?! Mais vous l’avez déjà Valriel, je suis toute à vous. Dit-elle en souriant lascivement. Et puis est-ce vraiment forcé quand on y prend du plaisir…


— Hm… Oui bref. Trancha-t-il en la toisant du regard. Ravie de voir que cela vous plait, je croyais que seul mon or vous intéressait.


— Hm… Valriel, Il y a bien plus chez vous que votre or qui m’intéresse. Répondit-elle en se mordant les lèvres.


— Vous passez votre temps à me faire changer de sujet… Pouvons-nous parler de ce que j’ai à vous dire ?


— Oh, mais non, si peu ! lança-t-elle dans un rire taquin. Allez-y je vous écoute.



Valriel prit une profonde inspiration, pendant que Mélicendre posait sur lui un regard malicieux se remémorant la vision de Valriel endormi et ses attributs dévoilés en souriant.




— Bien. Je passe à la suite de mon plan.


— Oh, oui ?! Sursauta-t-elle en sortant de ses doux rêves.


— Je dois assurer mes arrières et j’ai enfin trouvé la personne idéale pour y parvenir. Voyez-vous, si jamais, par malheur, je venais à être découvert…amorça-t-il en déposant son verre sur la table.


— Hum… En effet, cela pourrait-être fâcheux, répondit-elle en finissant son verre et le posant à son tour, devenant soudainement attentive.


— … Je pense que si je suis découvert, rien n’empêchera les Compagnons de me tuer.


— Ah, vous en doutiez ?


— Non. Je vous explique mon raisonnement.


— Il est évident qu’ils vous tueront, ils ont tenté de m’enfermer sans aucune raison, alors vous ?! répliqua-t-elle en un rire sarcastique.


— C’est pourquoi je cherchais depuis quelque temps à me trouver un… “Sauf-conduit”.


— Très bonne idée ! 


— C’est chose faite à présent, je n’ai plus qu’à subtiliser cette chose importante qui tient à l’un des Compagnons et à la dissimuler dans un lieu connu de moi seul. 


— Ah oui ? Hum intéressant, c’est une bonne idée, mais une fois chose faite…


— Justement j’y viens. Une fois chose faite cela ne me protégera pas d’être démasqué, mais j’ai bon espoir qu’ils ne me tuent pas lorsqu’ils auront découvert que je possède quelque chose qui leur appartient.


— Hm… Mais ils voudront le récupérer ?


— Je suppose qu’ils m’enfermeront et me tortureront dans le but de me faire avouer où je dissimule leur bien précieux, mais je n’ai pas l’intention d’avouer quoi que ce soit, bien entendu et je pense avoir une assez bonne résistance à la douleur.


— Hm… c’est fort probable. Oh ! Savoir votre si doux visage enfermé et torturé me fait… frissonner, haha ! lâcha-t-elle dans un rire mesquin.


Valriel s’approcha de Mélicendre plongeant son regard dans le sien. Elle leva un sourcil, se satisfaisant de cette soudaine proximité pouvant se délecter de son parfum aux arômes boisés qu’elle appréciait tant. 


— Vous n’aimeriez pas que je sois enfermé, n’est-ce pas ? 


— Hm... Oh non bien sûr que non, Valriel !


— Parfait. Car c’est là que vous intervenez.


— Hm… Une libération discrète ? Demanda-t-elle en se pinçant les lèvres vicieusement.


— J’ai besoin de quelqu’un. Quelqu’un d'extérieur qui pourra m’aider à sortir de cette mauvaise passe. Une personne aux talents magiques avérés de préférence, car je pense que Zéphyriel mettra tout en œuvre pour m’empêcher d’user de mes pouvoirs. Et… si je n’ai pas réussi à convaincre Elia d’ici là… Bref, vous voyez où je veux en venir ? 


— Hum… Oui, ce rustre de Zéphyriel. Je vois parfaitement. 


— Oui, la magie n’apprend pas les bonnes manières. 


— Hum… Vous savez ce qui pourrait nous être utile ? Proposa-t-elle en réfléchissant.


— Vous avez une idée ? 


— … Votre cadeau ! … Nous sommes liées grâce à cela. Je ne sais pas s’ils fouillent leurs prisonniers, mais si ce n’est pas le cas… ce lien pourra m’aider à ouvrir un portail sur votre position précisément. Sans cela, ne connaissant pas les lieux, je ne sais pas où je me trouverai et devrai me frayer un chemin jusqu’à vous.


— Vous avez compris où je voulais en venir, à ce que je vois.


— Oh Valriel ! Vous me sous-estimez encore… Haha ! 


— Toutefois, je ne compterai pas sur le fait qu’ils ne me fouilleront pas. Je ne me voile pas la face. Ils me subtiliseront certainement jusqu’au moindre objet et tenteront peut-être de m’humilier ou de réduire mes capacités. Je sais ce que l’on fait aux personnes telles que moi. Les gens qui se disent “bons” n’ont pas de limites pour ce que je suis.


— … Ils pourraient vous dévêtir ? … Pardon, je m’égare, reprit-t-elle dans un sourire en laissant échapper un léger rire.


— … Vous ne prenez donc rien au sérieux ? 


Mélicendre se perdait dans ses rêves lubriques en repensant à ce qu’elle avait vue la fois ou elle avait débarqué dans sa chambre, alors qu’il dormait paisiblement. Elle ne put s'empêcher d’esquisser un sourire libidineux avant de reprendre ses esprits.


— Je suis très sérieuse ! Je suis outrée, répondit-elle taquine.


— Hum… Oui je vois ça ! Vous avez l’air tout à fait concernée.


— Donc imaginons qu’ils vous dévêtissent et vous dépossèdent de vos biens… Il nous reste notre lien à nous…


— Oui. Ce n’est pas grand-chose, mais ce sera suffisant. La pierre de Varla vous sera utile, déjà pour connaître ma position et me redonner un peu d’énergie. Mais ensuite, il faudra me sortir de ce bourbier et me redonner des forces. 


— Hm… Oui, je connais votre essence, votre identité magique, cela m’aidera. Et pour la pierre…


— La magie ne résout pas tout, malheureusement, je l’ai appris à mes dépens.


— Bien-sûr, je serais moi-même affaiblie. Cela me demandera beaucoup.


— Pourquoi seriez-vous affaiblie ?


— Vous rechercher avec la pierre, mais aussi capter votre essence magique va me demander beaucoup d’énergie, et comme pour chacun de nous, elle n’est pas illimitée.



Valriel recherchait quelque chose dans sa sacoche de cuir, pendant que Mélicendre continuait ses réflexions en souriant.



— Vous avez raison. Toutefois j’aurai besoin de toute l’énergie nécessaire. J’ai donc plusieurs instructions à vous donner qu’il vous faudra suivre à la lettre si jamais je suis capturé. Compris ?


— Oui, je vous écoute !


— Bien. Premièrement, à partir de ce jour, je vous enverrai une missive toutes les semaines. Tous les Sundas, vous recevrez un parchemin. Si jamais vous n’en recevez pas, ne serait-ce qu’une fois, filez exécuter le plan.


— Bien !


— Donc, dans le cas où je suis capturé, rendez-vous à cette adresse.

Il sortit de l’intérieur de son pourpoint un petit parchemin où était annotée une adresse ainsi qu'un petit plan.



— Pas de lettre d’amour, j’exécute le plan, compris !


— Là-bas, vous frapperez à la porte et vous vous présenterez sous votre nom. N’entrez sous aucun prétexte. On vous remettra un sac contenant le nécessaire pour m’aider avant et après mon évasion. Il y aura des vêtements propres, une pierre de puissance, un nécessaire de premier secours et un artefact spécial qui pourra se révéler utile.


— Hum. D’accord. Lâcha-t-elle en réfléchissant attentive.


— J’ai prévu l’éventualité où je serais dans un état... déplorable.


— L’avantage du portail, c’est qu’il est silencieux, cependant.


— Oui, c’est une bonne chose, mais il consomme beaucoup d’énergie magique, alors utilisez-le à bon escient.


— Mais n’y aura-t-il pas de garde à votre chevet ?


— Oui, c’est fort probable. Avez-vous une idée pour ce problème ?


— Si garde il y a, je ne pourrai pas utiliser ma magie… ou seulement en cas d’extrême urgence, je devrais prendre une dague avec moi… Je sais m’en servir aussi bien que vous, je suppose, mais si je suis déstabilisée, je pourrais, hum… Voyons voir…


— Non. Pas d’armes. Vous n’aurez aucune chance face aux Compagnons.


— Hum… oui. Ou alors, je suppose que les gardes doivent avoir une relève ? Des heures de repas ?


— Oui... c’est une bonne idée. Ils ne pourront pas monter la garde éternellement. Mais cela implique de savoir où et quand et de les espionner un certain temps. Cela dit, je peux vous procurer des potions d’invisibilité, si vous pensez que c’est nécessaire. Ainsi, vous pourriez les observer à distance.


— Cela peut nous être utile, en effet !


— Une fois que vous aurez cela, faufilez-vous à travers la garde ou empoisonnez leur repas discrètement. Un simple somnifère puissant sera nécessaire.


— Oui, je ne suis pas une meurtrière, un petit somnifère ou une potion aux effets… surprenant fera l’affaire, haha !


— En effet. Vous n’êtes pas une meurtrière. 


Il sortit un petit carnet de sa sacoche et ajouta quelques annotations.


— Bien. Ajouter des potions spéciales.


— Une potion tord-boyaux devrait-être parfaite. Dit-elle un sourire malsain sur le visage.


— Si nécessaire, vous empoisonnerez donc la nourriture pour vous donner champ-libre. Une fois que vous aurez atteint le lieu où je serais détenu, il est possible que je sois maintenu captif par des sorts. Il faudra les désamorcer. Pour cela, j’ai prévu un objet spécial.


— Hum… astucieux.


— Il s’agit d’un artefact Dwemer, relativement rare, à n’utiliser qu’en cas d’extrême nécessité. Il produira un son puissant et assourdissant lors de son activation qui agira durant précisément cinq minutes, sur un large périmètre,  et annule toute magie, de quelque sorte que ce soit, y compris les enchantements. Je pense que ce sera suffisant pour me sortir de là, mais ni vous ni moi ne pourrons utiliser de sort durant ce temps. 


— Je vois, Hum… Ne vous inquiétez pas je sais être très douce Haha.


— Une fois que nous serons hors de portée de l’artefact, vous devrez effectuer un portail vers un lieu précis. 


— “Un lieu précis” ? Je vois que vous avez pensé à tout. Qui se trouve ?


— Un lieu connu de moi seul. Je vais vous y emmener pour que vous puissiez y retourner le moment venu. Il servira de lieu de convalescence.


— Hum… Parfait, il me sera plus simple de nous y téléporter si je connais le lieu, je serai plus précise. Hum... et bien je vous suis cher Valriel. Dit-elle d’une voix lascive. 

Il fit un pas en arrière pour se positionner et exécuta les gestes pour ouvrir le portail avant de le désigner d’un geste à Mélicendre.

— Nous partons ?


Mélicendre lui sourit intensément avant de s'approcher langoureusement et de déposer ses mains dans sa nuque, plaquant son corps contre le sien, en le fixant dans les yeux.

— Allons-y !  



Ils arrivèrent dans une atmosphère fraîche, montagneuse, baignée dans la lumière du jour traversant une forêt luxuriante d’où se dégageait de puissantes essences de pin et de lichen. Mélicendre suivit Valriel le long d’un chemin de terre pour remonter vers une pente rocailleuse près de laquelle une cascade puissante venait se frayer un passage contre la roche pour se jeter en contrebas. À flanc de la cascade était construite une sorte de grande cabane de bois brut qui surplombait la vallée. Il tendit la main vers elle pour l’aider à traverser la rivière à l’eau peu profonde et elle s’en saisit, ravie en lui offrant un sourire vicieux.



— Désolé pour votre robe.


— Haha elle sèchera… Mais je peux aussi me dévêtir pour la faire sécher.


— N'exagérez pas, ce n’est que l’ourlet qui est mouillé… Bien si jamais je suis mal en point, sachez qu’il y a tout ce qu’il faut pour des soins plus approfondis dans cette cabane.


— Bien, bien. Je vous remettrai sur pied en cuisinant de bon petits plats. Pouffa-t-elle en riant.


— Oui, si vous voulez. Bien vous savez tout, à présent, des questions ?


— Qui l’eut cru… Moi à vos petits soins... Pouffa-t-elle de rire. Excusez-moi. Non aucune question. Dit-elle en tentant de reprendre son sérieux.


— Oui, Mélicendre… N’espérez pas trop, toutefois, ce n’est qu’un plan de secours, cela peu très bien ne pas se produire. Bon, si tout est clair, je vous ramène chez vous alors.


— Que va-t'il se produire dans le meilleur des scénarios ?


— Dans le meilleur des scénarios ? répéta-t-il songeur.


— Oui ! Nous nous préparons au pire mais… Dans le cas contraire...


— Cela vous n’avez pas besoin de le savoir.


— Hum… Ah oui vraiment ?!


— À quoi vous attendiez-vous au juste ?


— À de la franchise, la moindre des choses… Après tout, le risque zéro n’existe pas, pour moi non plus… Et s’ils choisissent de me faire prisonnière comme vous ?


— J’ai prévu de l’or pour vous, ne vous en faite pas. Et il me semble avoir été honnête avec vous. Je n’ai seulement aucune obligation de vous tenir informée du moindre de mes projets. Si vous êtes faite prisonnière et que je ne le suis pas, je ferai en sorte de vous libérer.


— Hum… Oups j’ai oublié d’aller chercher mon courrier soudainement !
 

— Vous n’avez pas intérêt à oublier. 


— Alors montrez moi que vous êtes honnête. 


— Je vous le montre en ce moment même.


— Vous voyez ? Pas drôle !! 


— Je suis honnête avec vous, Mélicendre. Je suis moi-même. Une chose que peu de gens que je fréquente ont été témoins. Vous voulez vous amuser ?


— Je veux surtout vous voir vous amuser ! Si vous devez mourir demain autant que vous ayez souri avant, non ? 


Valriel tenta de garder son calme, s’adressant à elle avec rigidité et froideur, la dévisageant d’un regard assombri, la mâchoire crispée.


— Je m’amuserai lorsque j’en aurai le temps. Lorsque je ne serai plus en constant danger de mort.


— Hum... eh bien j’espère que vous, vous ferez capturer… 


Il fronça les sourcils, tandis que la ride au niveau de son nez se plissait et avec des gestes vifs, il se dirigea vers Mélicendre en l’attrapant par le bras, la tirant avec lui, sans ménagement. Elle tourna la tête vers lui, le dévisageant avec perplexité, un sourcil dressé.


— Vous croyez que c’est un jeu, c’est ça ?! Lâcha-t-il en la forçant à le suivre. Vous croyez que je fais tout ceci par plaisir ?


— Hm… Calmez-vous mon chéri, je pensais simplement qu’au moins ici nous aurions le temps de nous amuser, rétorqua-t-elle, sereine, en se laissant faire docilement.



Ils arrivèrent au bord de la falaise qui longeait la cabane. Il tenait fermement Mélicendre par le bras l’approchant pour la pousser tout au bord du précipice.




— Vous voyez le vide ? La mort qui vous appelle ? Vous pouvez mourir là, maintenant si j’en ai envie.


— Oh, Valriel… Lâcha-t-elle détendue, le visage impassible, un sourire malsain sur le visage.


— Ce sentiment de mort imminente, je le ressens à chaque jour, à chaque instant. Les dieux se jouent de nous et de notre destin et nous sommes victimes des caprices de ceux qui estiment avoir du pouvoir sur nous, cracha-t-il insupporté par l’indolence de la femme. Alors non. Je n’ai pas l’intention de m’amuser. Pas tant que ce point crucial ne sera pas résolu.


— Je n’ai pas peur de la mort. 


— C’est parce que vous n’avez aucune ambition. Parce que vous croyez à la fatalité d’une destinée. Pas moi, répliqua-t-il en repoussant Mélicendre loin du gouffre d’un geste sec.


— Je prends tout cela très au sérieux. Je vous apprécie croyez-le ou non et pas seulement pour vos beaux yeux ou vos… Hum, atouts. Alors je vais tout faire pour que cela fonctionne ! Détrompez-vous, je crois en toutes les possibilités, je crois en chaque opportunité.


— Je l’espère. Vous connaissez les conditions de notre contrat, dans le cas contraire. 


— Bien-sûr. C’est bon vous n’êtes plus fâché ?



Il la toisa du regard en plissant ses yeux vert. À cela elle répondit en levant les yeux au ciel dans un soupir. 



— Roh ! Je ne peux vraiment plus plaisanter… Quelle tragédie.


— “Fâché”... Il vaudrait mieux être sourd…. Vous me tournez en ridicule.


— Pas du tout. Dit-elle en feignant l’indifférence.


— Hmm… Bon je vous raccompagne ? Ou vous voulez me cuisiner pour que je vous raconte mes projets, mes rêves, mes ambitions, mes souvenirs d’enfance ?


— Haha, ne me tentez pas. Répliqua-t-elle dans un rire sournois. Pour en revenir à notre affaire… J’ai quelques potions qui pourront nous aider chez moi.


— Bien. Pensez à les emporter avec vous le jour où nous en aurons besoin. Allez, venez, lâcha-t-il en créant un portail d’un geste de la main.


— Un instant.


— Que faites-vous, encore ?


— Je vais juste faire un petit quelque chose qui nous aidera le jour venu. Je vais déposer une sorte d’empreinte magique… ici. Si le pire arrive, au moins nos chances d'arriver à bon port seront augmentées, expliqua-t-elle en déposant une rune sur le sol pendant que Valriel maintenait le portail.


— Bien, souffla-t-il, levant les yeux au ciel. On peut y aller ? 


— Oui. Allons-y.


Ils traversèrent le portail les menant chez Mélicendre, laissant derrière eux les secrets de ce lieu. 


Dernière édition par Général Patafouin le Ven 18 Fév - 10:01, édité 1 fois
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Le Mage & le Serpent Empty Le Mage & le Serpent - Problèmes et Pierre de Jade

Sam 13 Nov - 17:11
Le Mage & le Serpent Jade10



Quatrième partie - Problèmes et pierre de jade


Mélicendre avait trouvé refuge dans un petit appartement, qu’elle louait dans le Canton de Vivec. Elle avait dû s'y réfugier après que les Compagnons aient saccagé ses demeures en découvrant qu’elle détenait Ewen captif, fouillant, volant et détenant quelques-uns de ses secrets à présent. Elle prit alors le nom de Camille et vendait ses services comme elle l’avait souvent fait, que ce soit pour les Compagnons ou d’autres. 


Ils avaient libéré Ewen, son état étant préoccupant, ils leur avaient semblé plus judicieux de l’emporter avec eux jusqu’à la Citadelle pour qu’ils reprennent des forces à l'infirmerie. Valriel voyant une occasion de protéger ses intérêts, avait participé à sa libération et il en avait profité pour laisser un mot à Mélicendre pour la prévenir de ce qu’il s'était passé en son absence. Ewen était dans une sorte de coma, quand Valriel décida d’user d’un peu de sa magie pour le réveiller et ainsi obtenir des informations et déterminer de sa dangerosité, se faisant Ewen raconta alors sans se méfier qu’il savait comment redonner à Mélicendre ses sentiments, pensant ainsi pouvoir retrouver la femme qu’il avait aimée puis abandonnée. C’est tandis qu’il cherchait à en apprendre plus que Kudro interrompit leur échange, apportant un présent de la part de Mélicendre pour lui, ce qui compliqua les choses, éveillant chez Phèbe des soupçons à son encontre, ce qui lui valut d’être convoqué dans son bureau : elle souhaitait, elle aussi avoir des réponses.


Une fois sorti d’une discussion épuisante avec la vicomtesse, il put enfin ouvrir le petit colis, contenant une petite pierre de jade, qu’il déposa au creux de sa paume. Il observa la gemme un moment, accompagnée des quelques mots que Mélicendre lui avaient écrits sur un parchemin parfumé au jasmin :


Mon Amour,
Pense à moi
Mélicendre

Il comprit immédiatement où elle voulait en venir. Resserrant les doigts sur la pierre, il ferma les yeux et se concentra sur la pensée de Mélicendre, son visage aux traits fins, son parfum fleuri, le son de sa voix suave, ses éclats de rire spontanés et inquiétants… Et il se sentit rapidement enveloppé dans un voile chaleureux et vibrant.


Une brume verdâtre jaillit sur le seuil de l’entrée à l’intérieur des appartements de Camille, laissant apparaître Aesril dans un souffle. Mélicendre était assise sur l’un des deux sofas les jambes allongées sur les coussins moelleux tenant dans ses mains un livre épais à la couverture sombre teintée de reflets rougeâtre. Elle se redressa vivement déposant sa lecture sur le meuble. 
Il jeta un coup d’œil aux lieux, admirant le charme aisé de la chambre, la beauté des mosaïques qui ornaient les plafonds, les divans aux couleurs chaleureuses et les lumières tamisées. Dans l’air flottait une enivrante odeur d’encens et de jasmin.


— Ah, enfin ! Bonjour Valriel.

— Mélicendre.

— Tu as trouvé mon cadeau ?

— De toute évidence. Difficile de le manquer quand tu m’envoies un messager à même la Citadelle… Tu sais, celle où je travaille ? Répondit-il, pinçant.

— Ah oui, Kudro ! C’est un bon messager, mais ça, tu le sais puisque tu l’as rencontré dans ma demeure, n’est-ce pas ?

— Hmm… En effet, oui, j’ai eu le plaisir de rencontrer Kudro. Adorable. N’en profite pas pour retourner la situation. Qu’est-ce qui t’a pris, bon sang ? Lança-t-il avec âpreté, mais sans hausser le ton, croisant les bras sur son torse.

— J’avais besoin de te contacter rapidement ! Vu l’urgence de la situation ! Se défendit-elle d’un ton léger, tout sourire.

— Et tu as pensé que le meilleur moyen était de m’envoyer un messager simplet qui parle à tout va ? Tu n’avais pas plus voyant, peut-être ? Et où est passé mon corbeau, au juste ?

— Bien sûr ! Répliqua-t-elle, croisant à son tour les bras. Quelle autre solution avais-je ? Utiliser ma magie que certains des Compagnons connaissent ? Ou peut-être apparaître dans ta couche ? Ah et ton corbeau… Il s’est sûrement perdu dans les méandres de l’Oblivion, haha !


L’Altmer écarquilla quelque peu les yeux en se figurant ce qu’elle était en train de lui expliquer.


— Il… quoi ?!

— Je l’ai nourri et renvoyé, je questionnerai Kudro à ce sujet… Il aime jouer au chat et à la souris, parfois… poursuivit-elle dans un rire léger.


Il se massa l’arcade sourcilière du pouce et de l’index, poussant un profond soupir.


— Je vois… Passons. As-tu au moins une idée des ennuis que l’irruption de ton messager a provoqué ?

— Je t’en prie, j’ai fait passer cela pour un cadeau passionné, je suis sûre que mon présent n’est pas l’objet de tes ennuis… par contre, ce que vous m’avez volé !

— Oui... Un cadeau passionné que j’ai dû justifier auprès de ton cher prisonnier. Tu sais qu’il a bien failli griller ma couverture ? Répondit-il, avec cynisme.

— Tu as le chic pour te mettre dans des situations pas possibles ! Comment a-t-il fait pour être conscient et avec tous ses esprits ?! S'étonna-t-elle.


Il pinça les lèvres avec contrariété, baissant les yeux sur le côté.



— Hmm... Je lui ai donné… Un coup de main. J’avais besoin qu’il soit réveillé et capable de me parler.

— Ah voilà ! Tu vois, tu te mets dans le pétrin tout seul ! Pas besoin de mon aide haha. Répondit-elle dans un éclat de rire.


Aesril baissa les paupières avec affliction.


— Tu te fiches de moi, maintenant bravo… Félicite-toi que j’aie pris cette initiative. Sans ça, tu ne saurais rien de ce que ton cher prisonnier projette de faire.

— Tu crois que je l’ai mis dans cette cage sans raison, peut-être ? S’il y était justement pour cette raison et qu’il… ne puisse pas venir en aide à notre chère Ivy.

— Justement. J’entends bien comprendre pourquoi tu l’as enfermé. Qu’est-ce qu’il t’est passé par la tête ? Sans parler du sous-sol “aménagé”, bien sûr.

— Oh, j’aurais dû te parler de ma vie ? Excuse-moi, je croyais que cela ne t’intéressait pas. Parce qu’il en sait trop tout simplement.


Sur ses mots Aesril garda le silence en détournant le regard, ce qui n’échappa pas à Mélicendre qui haussa un sourcil perplexe en le voyant faire. Il lâcha finalement :


— Que sait-il, au juste ? 

— Un peu d’honnêteté maintenant que nous sommes tous les deux dans une situation que je qualifierai d’anarchique…

— En effet… Je suis bien d’accord. Mettons les choses à plat. Il en va de notre survie. Dit-il en s’apaisant quelque peu à la remarque de Mélicendre, malgré ses rires.

— Quand il est revenu me voir nous avons eu une dispute et ce cher Ewen à fini par découvrir comment j’avais fait pour procéder à… Enfin, comment j’ai fait pour enfermer mes sentiments. Il souhaitait faire en sorte de m’empêcher d’être la femme que je suis aujourd’hui ! Avec la ferme intention d’inverser le rituel… mais cet imbécile à attrapé la boite, que j’avais évidemment protégée par un sortilège puissant, utilisant mon sang pour la sceller et il a été projeté violemment sur le sol. Il m’a donc facilité la tâche et j’ai sauté sur l’occasion pour l'enfermer et ainsi éviter qu’il divulgue mon petit secret. 

— Comment ?! Par Auri-El… Lâcha-t-il en s’essayant lourdement sur le canapé, l’air soucieux. Je vois… Donc elle n’est pas en sa possession ? 

— Non, elle est toujours à sa place et est toujours protégée. 


Elle marque une pause et prend soudainement un air sérieux. 

— Écoute-moi bien Aesril ! Je préfère mourir, plutôt que l’on me rende mes sentiments. 


Il fronça légèrement le front, surpris et touché qu’on l’appelle enfin par son véritable nom.


— Hmm… Oui, ne t’en fais pas, je comprends. J’ai conscience du danger que cela implique pour toi. Et je compte bien t’en prémunir. 


Elle plongea son regard dans le sien.


— Parfait ! Alors tu comprends le problème que nous pose Ewen, pour plusieurs raisons.


Il hochait la tête en baissant lentement les paupières pour lui signifier son implication. 


— En effet… Toutefois, permets-moi de te dire qu’il aurait été plus avisé de garder ton prisonnier dans un lieu différent que celui où tu résides.

— Oh et bien, excuse-moi, je n'ai pas pour habitude d’emprisonner les gens dans une cage. Lâcha-t-elle sarcastique dans un sourire en coin.

— J’imagine, oui. Je ne m’en vante pas, mais j’ai malheureusement l’habitude de gérer ce genre de situation.

— Et puis, après plusieurs mois, je n’imaginais pas que l’on vienne le libérer… Reprit-elle. Ah oui, voyez-vous cela… 

— C’est que les Compagnons sont tenaces. Félicite-moi au moins d’avoir insisté à faire partie de l’expédition pour aller le sauver. J’ai pu limiter les dégâts et éviter qu’Ewen ne parle à tout va. Et qu’il ne parle pas à Ivy, surtout.


Elle haussa les sourcils, un sourire en coin. Avant qu’Aesril ne reprenne. 


— Mais maintenant que c’est fait, je me dis que le plus avisé aurait été de prolonger le coma de cet homme et de sa fichue obsession de te nuire.

— Hm… Décidément cette fouineuse est vraiment…

— Pourquoi hais-tu Ivy à ce point ? Quel tort t’a-t-elle causé ?

— En effet, ça aurait été plus judicieux de le laisser dans l’état que je lui avais infligé… Mais peut-être ne me faisais-tu pas encore assez confiance pour te dire que, s’il était captif et dans cet état, c'est qu’il avait une bonne raison… hum. Répliqua-t-elle avec sarcasme.

— Et que suggères-tu ? C’est trop tard, à présent. Et nous n’allons tout de même pas nous débarrasser de lui…

— Hm… Et bien, il faudrait pouvoir le remettre dans son état… 


Elle se dirigea vers la grande bibliothèque au fond de la pièce, pour sortir d’un coffret une petite pierre de jade enroulait dans un tissu blanc, avant de revenir s’assoir face à lui sur le divan.


— Si, tu arrives à te rapprocher à nouveau de lui, avec cette pierre, il retombera dans un coma tourmenté… Mais le garder à la Citadelle, avec les soigneurs... 

— Après que presque toute la Citadelle m’ait vu aller voir Ewen à l’infirmerie, tu voudrais que j’y retourne pour le replonger dans le coma ? Tu ne voudrais pas que je me tranche la gorge immédiatement, plutôt ? Ce serait plus rapide… Excuse-moi, mais je trouve ce plan bien risqué, ils sauraient immédiatement que nous y sommes pour quelque chose.

— Tu préfères attendre qu’Ewen parle à tous de mon petit secret et se mette en quête de me retrouver accompagné des Compagnons, peut-être ? Et ainsi perdre ton “Sauf-conduit”...

— … Tu n’es pas mon “sauf-conduit” soupira-t-il. Tu es ma collaboratrice. Mais non, tu te doutes que je veux tout autant que toi protéger nos intérêts… Je me demande juste comment faire cela sans que ça ne paraisse hautement suspicieux. Et comment fonctionne cette pierre d’ailleurs ? Si je la cache près d’Ewen et qu’ils la trouvent… Ils sauront que cela vient de toi.

— Tu n’auras pas besoin de la cacher, portes là sur toi et approche-toi de lui, cela réactivera le sortilège. Je ne pourrais rien faire d’ici, c’est à toi de réglé ce problème je te donne une solution, à toi d’en faire ce qui te chante, le fait est qu’il ne peut rester là-bas.

— Peut-être, mais il ne faut pas pour autant en oublier toute prudence, surtout maintenant que nous dansons sur un fil… J’ai besoin d’y réfléchir, la situation est bien assez délicate. Et je ne comprends pas non plus pour quelles raisons tu es allée te mettre en danger en t’occupant du cas d’Ivy...

Il fronça les sourcils, contrarié alors que Mélicendre croisait les bras et haussa les sourcils, avec un sourire en coin.


— Voilà que tu t'intéresses à mes motivations ? Décidément nous sommes vraiment au bord du gouffre. Demanda-t-elle dans un rire.

— Ce n’est pas une question de confiance, mais d’avoir un coup d’avance sur les autres. Je n’ai pas de talent de divination pour m’aider dans ce domaine… Mélicendre… Finit-il par dire avec lassitude, avant d’esquisser un sourire amusé.

— Oui, mon chéri … Bien, bien… Reprit-elle résignée. Disons qu’Ivy est un peu comme un clou, qui se glisse dans la semelle...

— … Je vois. Et pourquoi cette charmante image ?

— Elle à le don de se mettre en travers de mon chemin et puis… Elle grimace avant de reprendre. Elle m’exaspère ! Avec sa bonne humeur et ses sentiments, Ewen et elle hm... Lâcha-t-elle se souvenant de la jalousie qu’elle avait éprouvé quand Ewen lui parlait d’Ivy.

— Que t’arrive-t-il ? Je croyais que tu ne ressentais rien ? Ton cœur de pierre serait-il donc encore en vie ? Demanda-t-il en se rejetant en arrière sur son siège en croisant les bras, une lueur espiègle dans le regard.

— Avant d’avoir un cœur de pierre, j’ai fait l’erreur d’être amoureuse, Valriel ! Reprit-elle en se satisfaisant de voir l’espièglerie sur son visage et sourit. 

— Aesril. Tu peux continuer à m’appeler ainsi. Tu penses qu’Ivy peut être un danger pour toi ?

— C’est plaisant ? De ne plus avoir à jouer la comédie… J’imagine que oui. Bien-sûr qu’elle l’est.

— Oui, je te rejoins. C’est comme… de retirer ces maudits bandages. Dit-il en prenant une profonde inspiration. Crois-tu qu’elle va chercher à se venger ? À te nuir ? Après tout, même les plus douces brebis sont capables du pire…

— Ivy est naïve. Mais pas dénuée d’intelligence, si elle estime que je suis une menace pour les Compagnons ou Ewen ou peu importe, elle n’agira pas seule… Et puis si, elle apprend pour le coffret…  

— Je suis d’accord… Et je crains qu’elle n’ait pas trop apprécié, que je reçoive un cadeau de ta part.

— C’est très probable… Elle t’a dit quelque chose à ce sujet ? A-t-elle eu le temps de parler à Ewen ?

— … Rien du tout. À vrai dire, j’étais à l’infirmerie avec elle et Ewen, lorsque Phèbe est arrivée accompagnée de Kudro et nous a demandé de nous expliquer… J’ai trouvé plus sage de demander à ce qu'Ivy quitte la pièce avant de dire quoi que ce soit, mais… Depuis elle semble m’en vouloir.

— Hum… Je vois ! Es-tu sûr qu’elle n’a rien entendu ?! Phèbe ? Que vient faire ma chère amie dans cette histoire ?


Mélicendre riait aux éclats avant de s'enfoncer un peu plus dans le divan en croisant ses jambes laissant apparaître sa peau, avant de reprendre, lascivement. 


— Ah… Aesril comme je me réjouis que nous soyons sur le même bateau, cela donne un côté romantico-dramatique à cette situation, tu ne trouves pas ? 

— “Romantico-dram… ” Oh, par les dieux Mélicendre, cela n’a rien de romantique. C’est un sac de nœuds dont nous allons devoir nous dépêtrer au plus vite.

— Roh, un peu d’humour et d’imagination même dans ce genre de situation n’a jamais fait de mal, haha, 

— Je ne sais pas si elle n’a rien entendu… Après tout, qu’est-ce qui l’empêchait d’écouter aux portes. Quant à Phèbe, eh bien…


Elle se laissait soudainement aller vers des pensées perverses songeant à des images lascives tandis qu’il soupirait profondément en appuyant son visage contre ses mains. 

— Il faut que tu en apprennes plus, si Ivy sait, nous avons plus un, mais deux problèmes à régler. Enfin, j’ai pris les devants pour Ivy, elle ne devrait plus nous causer d’ennuis… lâcha-t-elle en se réjouissant dans un sourire malsain.

— … Phèbe semble s’être fixée pour mission de… Je ne sais pas très bien au juste ! De m’aider à devenir quelqu’un de plus vertueux, je suppose ? Depuis elle me colle à la peau. À croire qu’elle à le béguin ou quelque chose dans le genre.


Il releva le visage questionnant la divinatrice du regard quand il entendit sa phrase, alors que Mélicendre riait aux éclats en imaginant Aesril “Plus vertueux”.


— Attends… Tu as fait quoi ? Pour Ivy ? 

— C’est une bonne chose, laisse Phèbe croire qu’elle peut t’aider, ça la guidera sur un autre chemin. Et pour Ivy, je nous aide… Un ami me devait un service.

— Oui, oui, c'est déjà ce que j’ai fait, mais… Oh, peu importe. Mélicendre. Qu’est-ce que tu as fait ? Demanda-t-il en détachant chaque mot avec froideur.


Mélicendre sourit vicieusement en penchant légèrement la tête, haussant les sourcils avant de regarder dans le vide en le questionnant.


— As-tu vu la lune aujourd’hui ? Elle est pleine et abondante ! Elle à peu-être… Disons croiser un loup… 


Il fronça les sourcils, Mélicendre reprit en voyant son expression.


— Et puis ne fait pas cette tête cela arrange nos affaires.

— … Un loup ? La pleine lune ? Tu veux dire que…

— En effet… “Tic tac”

— Franchement Mélicendre, mais qu’est-ce qui t’as pris ? Tu te rends compte à quel point ton geste est hasardeux ?!

— Mais non ! Pas du tout… La lycanthropie, c'est parfait ! Elle ne va pas nous causer d’ennuis pendant un moment, ce qui nous laisse le champ libre pour Ewen. Un problème en moins ! 
Mais Mélicendre, enfin… Je pensais que ton atout était au moins, que tu ne sois pas aveuglée par tes sentiments ! Il y a des façons plus propres et moins préjudiciables à notre cause d’écarter un importun. Si Ivy et Ewen ont des ennuis, il ne sera pas difficile de remonter à la source et de deviner qui est derrière tout ça… Reprit-il en bouillonnant de l’intérieur, imaginant déjà mille scénarios.

— Peut-être, mais c’est à moi que les Compagnons vont penser et non à toi, Aesril. Donc il n’y a pas de problème et puis encore faut-il qu’ils le trouve et le fasse parler...


Il se pencha en avant plongeant son regard dans le sien, elle détailla ses pupilles sans détourner les yeux. 

— Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?  Nous devons évoluer ensemble et communiquer. Si tu es capturée ou tuée, c’est mon assurance vie qui tombe à l’eau. Gronda-t-il avec un regard doux contrastant avec son discours. Oh, quel cauchemar…

— Ah, c’est cela qui t’embête… Que ton assurance vie parte en fumée… Bref… Un problème à la fois le plus important reste Ewen. Reprit-elle en levant les yeux aux ciels.

— Quoi ? Nos lettres passionnées auraient-elles égaré ton esprit au point de te faire croire que nous vivons une merveilleuse histoire parfumée de jasmin ?... 


Il s’interrompit soudainement, réalisant la froideur et la dureté de ses paroles.


— Laisse-moi encore rêver de ton corps dénudé Aesril veux-tu ! Je ne suis pas folle au point de croire que tu auras un jour des sentiments à mon égard. Mais mon imagination est débordante de désir alors, laisse-moi rêver un peu ! Et puis quoi ? Tu n’aimes pas le jasmin ? 


Elle fixait intensément son regard en souriant lascivement. Aesril quant à lui était gêné par cette révélation et baissa les yeux sur le côté.


— Quoi qu’il en soit : Pas de folies, d’accord ? On ne tue personne. On n'empoisonne personne. On n’enlève personne… Du moins, pas sans mon accord.

— Bien mon Chéri, à vos ordres ! Hum, si je fais une bêtise, tu vas me punir Aesril ? Demanda-t-elle vicieusement.


Il ne put s'empêcher d’étouffer un rire en hochant la tête de droite à gauche avec un air faussement lassé.


— Oh oui…  Tu vas recevoir une très sévère correction. Crains mon courroux !
 
— Eh bien ! Qui l’aurait crû ! J’ai presque eu le droit à un vrai rire… Je suis ravie. Ouh j’ai peur ! 


Un voile vint obscurcir le regard du Mer et il semblait soudainement se perdre dans ses pensées, il gardait le silence et Mélicendre l’observait attentivement avant de reprendre.


— Aesril ! Est-ce que ça va ? 

— … Hein ? Oh pardon. Oui, ça va. Répondit-il la gorge serrée, avec une pointe de mélancolie dans la voix.

— Tu es sûr que ça va ? Au point où nous en sommes tous les deux… tu peux me le dire. 

Il releva un regard rempli de tristesse vers elle, puis fronça les sourcils, soudainement mal à l’aise de s’être ainsi laissé aller.


— Je vais bien… Tu es sûre que tu n’as rien à boire, ici ?

— Hm… Un instant.


Il se retourna pour s’extraire au regard de la divinatrice, tandis qu’elle se dirigea vers la grande porte en bois, pour l’ouvrir de moitié, passant sa tête dans le couloir. Le bruit de l’agitation de l’auberge masqua à peine la voix de Mélicendre quand elle cria d’une voix forte et légèrement grimée :


— DU VIN POUR CAMILLE ! ET VITE ! UNE BONNE BOUTEILLE, ET QUE ÇA SAUTE ! 

— Tout de suite ! Madame Camille. Répondit une voix masculine au loin.


Et sans trop avoir attendu, elle referma la porte, une bouteille de vin à la main se dirigeant vers le meuble bas pour servir deux coupes et en tendre une, à Aesril, qui était en train d’observer ses lectures.


— Voilà ! Tiens. S’exclama-t-elle en déposant la bouteille sur le sol, proche de la bibliothèque.

— Merci Mélicendre j’apprécie.  

— Je ne suis pas qu’un monstre sans cœur, tu vois. Je suis aussi une bonne hôte qui à un bon goût en matière de vin. 

— Je vois ça. Je ne t’ai jamais considérée comme un monstre sans cœur, tu sais… Répondit-il dans un sourire malicieux.

— Je l’ai crû parfois…

— Enfin… Si, au début, un peu…

— Ah ! Je me disais aussi. Pouffa-t-elle dans un rire franc.

— Je crois que je commence à comprendre comment tu en es arrivée là. Et très sincèrement, je compatis. Il avança sa coupe vers la sienne, la faisant cliqueter, en reprenant. À la prospérité de notre avenir. Quel qu’il soit !

— Santé, mon chéri ! 




Le Mage & le Serpent 5ad69510

— Mélicendre…

— Oui…

— Nous y parviendrons, j’en suis sûr. Cela fait des années que j’échafaude ce plan.


Elle prit une gorgée avant de relever ses yeux vers lui, plongeant intensément son regard dans le sien. Il le lui rendit, se rendant compte de l’intensité du moment. Ils commençaient tous deux à se rendre compte que plus le temps avançait et plus les risques planaient sur eux.


— Aesril. Tu sais je… Je n’ai pas peur de mourir…

Il la dévisagea, surpris.

— … Vraiment ? Tu es sincère ? 

— Oui… Répondit-elle en se rapprochant de lui.

— Comment ? Comment peux-tu ne pas craindre la mort ? Je l’ai regardée en face tant de fois et toi aussi… Je ne comprends pas. La mort est si… Définitive.

— Tu sais, ce n’est pas une fin en soit, pour nous divinatrices, c’est un recommencement, un renouveau, le début d’autres choses, de quelque choses de plus grand…

— Je me demandais… As-tu vu comment tu allais mourir ? 

— C’est une bonne question… Je peux mais… J’ai vu la mort de tellement de gens… Et j’ai vu tellement de gens se ruer vers elle avant leur heure, rien qu’en l’apprenant… Alors j’ai fait le choix de rester dans l’ignorance, il n’est pas bon de tout savoir...  

— Oui, je comprends… Cela peut être effrayant… et… As-tu vu la mienne ? S’enquit-il fébrilement.

— Mais je n’en ai pas peur. Je peux voir ta mort… Mais je refuse de t’infliger ça...

— Tu …  Tu m’as vu mourir ? Demanda-t-il.


Son cœur battait plus fort, il reprit une gorgée de vin pour reprendre contenance.


— Je n’ai pas utilisé mes dons sur toi, Aesril, les seules fois ou je l’ai fait, c'était lors de notre rencontre, tu t’en souviens ? 

— Oui… Tant mieux. C’est mieux ainsi.

— Je peux te montrer quelque chose ? Proposa-t-elle d’une voix tendre et douce.

— … Oui ? Quoi donc ?

— N’aie pas peur et laisse-moi faire, tu veux ?


Intrigué, il chercha à dissimuler sa nervosité, faisant un pas vers elle.


— Bien. Vas-y.

— Approche...


Il inspira lentement tandis qu’elle s’approcha de lui plaçant ses mains dans sa nuque, elle se plaquait contre lui, cette fois sans viscosité. En se plongeant dans son regard intensément. Ses pupilles prennent une couleur livide, elle se concentra sur la mort, leurs croyances, leurs savoirs. Les images arrivent en douceur et Aesril peut voir et ressentir, il voit les clans de divinatrices, leurs unions, sent leurs liens, leur essence magique. Il peut voir Mélicendre entourée de Magdalena et Aeva, le rituel le jour de ses 16 ans, le partage du don de Gloria à Mélicendre, ce lien, puissant, stellaire et les générations, transmettant leurs savoirs et leurs dons ainsi, il ressent la chaleur et le réconfort que cela procure à Mélicendre. Pendant la vision, Aesril garde le silence respectueusement, avant qu’elle ne s’arrête, que les images s’évanouissent doucement et que ses yeux ne redeviennent bleus.


— … C’est... impressionnant. Dit-il en prenant un moment pour assimiler toutes ces informations.

— Tu comprends ? 

— Que voulais-tu me faire comprendre exactement ? 

— Juste que tu comprennes, pourquoi je n’ai pas peur, et que tu vois aussi que…

— Que la mort n’est pas une fin ? 

— Oui, pour moi, c’est exactement cela…


Elle avait dit ses mots dans une sincérité profonde, en déglutissant. Aesril était troublé par son attitude soudainement très authentique de la divinatrice.


— Hum… Enfin… Cette proximité Aesril sans recul de votre part me trouble, je pourrais rester ainsi des heures durant. Reprit-elle d’une voix suave en plissant les yeux.

— Je comprends mieux ton point de vue… Mais ça ne change rien à ma vision des choses. Ce que j’ai à accomplir, je dois le faire dans ce monde. Pas lorsque mon âme sera dépourvue d’un corps. Dit-il en écarquillant subitement les yeux, réalisant sa maladresse.

— Ce n’était pas pour te faire changer d’avis, mais plus dans l’espoir de te rassurer.

— Pardon…

— Je n’ai pas dit que cela m’avait déplu au contraire… 


Elle avait prononcé ces mots appuyés d’un sourire vicieux, tandis qu’il lui offrait son habituel regard las, mais cette fois-ci, il sourit quelque peu.


— Je n’ai pas besoin d’être rassuré, Mélicendre. Je ne suis plus un enfant qui a peur du noir.

— Haha, en effet tu es loin d’être un enfant, tout ça pour dire que… Si demain il m’arrivait quelque chose, je serais sereine, voilà tout... Et puis cela ne résout pas notre problème mon chéri !

— Hmm…. Qui est ? 

— Il va falloir arrêter de sourire je vais prendre ça pour des intentions plus… perverses… Hum. Reprit-t-elle en oubliant la question d’Aesril.

— ... J’ai une quantité d’intentions perverses, mais mieux vaut que tu n’en saches rien, chère acolyte. Répliqua-t-il taquin.


Mélicendre sourit vicieusement dans un éclat de rire.


— Hmm. Intéressant !

— Bien, je ne vais pas t’importuner plus longtemps. Une dernière recommandation, néanmoins. 

— Je t’écoute mon cœur.


Elle lâcha sa nuque et déposa une main lascive sur son torse, dans un regard coquin.


— Si tu dois me contacter, envoie Kudro à l’auberge de Gidéon et laisse le colis au nom de Caladas. C’est le nom sous lequel je loue une chambre là-bas. C’est plus sûr.

— Parfait. Et pour Ewen ? Je te donne la pierre ? 

— Hmph… Oui, donne-là moi, mais je ne te promets rien. Si j’entrevois la possibilité d’agir sans que cela nous cause du tort, je le ferai. Mais prépare-toi à te cacher si nécessaire.

— Je reste ici, dans tous les cas, mais s’il te plait… Ne le tue pas…

— Je n’en avais pas l’intention. Me prends-tu pour un boucher ? 

— Non, mais les situations extrêmes nous poussent parfois… 


Mélicendre ne termina pas sa phrase et se déplaça dans la pièce se dirigeant vers le divan pour prendre la pierre qu’elle y avait déposé plus tôt.


— Je ferai ce qui est nécessaire pour assurer notre survie à tous les deux. C’est tout ce que tu dois savoir, Mélicendre.


La divinatrice ne répondit rien, les yeux rivés sur le sol. Percevant cet étonnant changement dans son comportement, Aesril la dévisagea puis demanda :


— Tu l’aimes encore ?

— Un dommage collatéral… marmonna-t-elle, esquivant la question, avant de s’avancer vers lui.


Elle lui tendit la pierre enveloppée dans un tissu de soie blanche, grimaçant à la remarque d’Aesril. Il prit la gemme avant de la ranger soigneusement dans une petite bourse attachée à son ceinturon.


— Fais ce que tu dois faire… lâcha Mélicendre.


Il maintint son regard sur elle avec incompréhension. Elle semblait afficher de l’affliction… c’était une première. Il pinça les lèvres, les sourcils froncés. Il semblait en coûter à Mélicendre de dire cela.


— Je vois… Entendu, Mélicendre.

— … Je me souviens l’avoir aimé profondément, souffla-t-elle enfin, les yeux toujours fixés au sol, dans ses souvenirs.

— Il y a donc bien des limites à pouvoir empêcher notre âme de ressentir. Tu n’échappes pas à la règle, Mélicendre, dit-il doucement, face à cette réalisation.


Il ne pouvait s’empêcher de ressentir de la compassion pour cette femme qui avait tant sacrifié et qui, malgré tout, semblait toujours, au fond d’elle-même, tiraillé par le souvenir d’avoir un jour ressenti quelque chose. Son humanité le touchait, plus qu’il n’aurait voulu l’admettre. Elle ouvrit la bouche et amorça quelques mots :


— Dans une boîte...


Mais il crut bon de ne pas l’importuner plus longtemps avec ce sujet. Et aussi parce qu’il ne souhaitait pas se laisser attendrir par la soudaine vulnérabilité de sa complice. Il déposa un baiser sur sa joue, avant de lui dire d’une voix calme :


— N’en parlons plus. Bonne nuit, Camille.


Électrisée par cette sensation et d’humeur soudain espiègle, elle tenta de tourner la tête pour lui voler un doux baiser. Ayant vu le coup venir, il se recula légèrement, amusé.


— Une dernière fois, au cas où… proposa-t-elle avec un sourire.

— N’en abuse pas non plus. Tu devrais te reposer. Et moi aussi, d’ailleurs.

— Je n’en abuse pas, je pense que j’y ai le droit ! Après tout, si je dois mourir ou je ne sais quoi, un baiser, ce n’est rien de dramatique !


Elle ponctua sa phrase d’un large sourire, tendant son visage vers lui, comme une invitation. Il leva les yeux au ciel avant de lâcher :


— On ne va pas mourir. Crois-moi. Pas besoin d’être devin.

— Et si je te supplie ?


Elle eut un autre éclat de rire léger. Il soupira, laissant ses bras retomber le long de son corps.


— Ah ! Auri-El soit témoin, ma générosité me perdra...


Ravie, elle sourit profondément et Aesril s’avança, offrant un second baiser sur son autre joue.


— Satisfaite ?

— NON ! Fais un effort Aesril... Voyons, ils ne sont pas si désagréables que ça, si ?! Protesta-t-elle, croisant les bras sur sa poitrine, faussement boudeuse.

— Il me semble avoir dit que je partais, n’abuse pas de mon temps pour me capturer dans tes filets. Je connais très bien ce petit jeu-là, j’y ai joué très souvent ! S'exclama-t-il avec amusement, lui adressant une légère caresse sur le menton, du bout du pouce.

— Tu as dit que tu n’étais plus un enfant, alors tu sauras résister. À moins que…

— Ne m’en veux pas, jolie Mélicendre. Tu as déjà quantité d’hommes à tes pieds, qui plus est. Pas besoin d’un Altmer torturé en plus, si ?

— Si ! Éclata-t-elle d’un rire franc. Je veux un baiser de l’homme qui m’a clairement mise dans de beaux draps, haha !


À cette pensée, il ne put s’empêcher de rire à son tour.

— Hahaha ! Tu as vraiment perdu l’esprit, ma parole ! Et puis, je crois t’avoir déjà embrassée.

— Ton rire est plaisant à entendre, peut-être parce qu’il est si rare, avoua la divinatrice.


Il baissa les yeux, gêné de la remarque, tandis qu’elle poursuivait :


— Justement, qu’est-ce qui te coûte de recommencer ?

— Parce que nous savons très bien où ton petit jeu peut nous mener. Crois-tu que je sois né de la dernière pluie.

— Un baiser, pour une douce et agréable fin de soirée ! Je ne te propose pas de rester dormir, je me contenterais d’un seul baiser.

— Bon… concéda-t-il. Un baiser et pas plus... 


Il soupira, tentant de dissimuler son léger malaise.


— Bon sang, je me fais avoir comme un bleu. Allez, approche. Et pas de blague, hmm ?


Elle lui rendit un sourire ravi.


— Je sais que tu les apprécie…


Elle s’approcha délicatement, déposant ses mains dans la nuque de l’Altmer tandis qu’il plaçait sa main dans le dos de la divinatrice pour mieux l’approcher de lui avant de se pencher en avant pour déposer ses lèvres sur les siennes en un baiser chaste. S’en délectant, Mélicendre tenta d’appuyer son baiser d’avantage, se faisant plus langoureuse, caressant les cheveux au bas de sa nuque. Surpris, il se détacha d’elle sans la brusquer, lui adressant un regard faussement réprobateur.


— Allons, qu’avions-nous dit ?


— Oups… Je n’ai pas été sage… Mince alors… souffla-t-elle avant de rire aux éclats.

— Hmm… Quelle surprise ! Pouffa-t-il d’un air narquois.

— Je te laisse partir… Merci Aesril. J’espère te revoir bientôt, mon chéri.

— … Merci à toi, répondit-il, soudain fébrile. Nous nous reverrons bientôt lorsque j’aurai du nouveau… ou l’inverse. J’espère revenir avec de bonnes nouvelles.

— Bien sûr, j’attendrai tes lettres ici même.

Il se dirigea vers la sortie et se retourna une dernière fois pour lancer :


— La prochaine fois que j’enverrai un corbeau, renvoie-le-moi, entier de préférence, plaisanta-t-il d’un ton pince-sans-rire pour mieux détendre l’atmosphère.

— Je vais voir ce que je peux faire, haha !

— Au revoir, Joli Serpent.

— Au revoir...
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Le Mage & le Serpent Empty Le Mage & le Serpent - À propos des sentiments

Sam 20 Nov - 20:51
Le Mage & le Serpent Saison11


Cinquième partie - À propos des sentiment

Aesril arriva dans un portail, déposant le corps d’un être vraisemblablement humain sur le sol, la tête recouverte d’un sac de toile, Mélicendre qui était en train de lire, dépose sa lecture avant de se redresser subitement, et d’observer le corps sur le sol.


— Mon chéri ! Quel bonheur de vous voir. Je suppose que c’est mon cadeau ?
— Bonsoir Camille … lâcha-t-il dans un souffle. Oui, c’est cela. C’est qu’il pèse son poids pour quelqu’un qui n’a pas eu assez à manger…
— Aha, Oui en effet. Tu as l'air éreinté.
— J’irais mieux si j’avais le temps de dormir…


Mélicendre sourit intensément et reprend d’un air enjoué,


— J’ai quelque chose qui va te plaire ! 
— Ah oui ? Plus que de me débarrasser de ce fardeau ?

Elle désigne de sa main une cave à vin nouvellement installée dans sa chambre. Aesril suit la main de Mélicendre en se tournant vers les bouteilles de vin.


— Ah ! Bonne initiative. L’or coule à flot à ce que je vois !
— Disons que “Camille” à du succès ! aha



Il croise les bras en haussant un sourcil, affichant un sourire en coin.



— Ça ne m’étonne pas.



Mélicendre rit de bon cœur, quand Aesril reprend,



— Tu ne déballes pas ton cadeau ? 



Elle tape dans ses mains, affichant un large sourire de joie.




— Oh si ! Oui j’ai Hâte hihi



Mélicendre se place à genou relevant le sac en toile du corps… découvrant ravie, le visage endormi d’Ewen. Aesril, commençant à avoir l’habitude des réactions plutôt étranges de la divinatrice, ne s’en étonna pas.



— J’ai fait ce que tu m’as demandé, mais je ne pouvais pas décemment le laisser à la Citadelle.



Aesril l’observa intrigué, caresser avec douceur le visage du Bréton sur le sol.



— Quelle douce vision, tourmenté par mes sentiments emprisonnés… Poétique.
— … Poétique ?
— Tu ne trouves pas ?
 — Je ne sais pas…
— Éprouves-tu de la compassion… ?
— Je… Non. Je cherche à comprendre, c’est tout.



Elle avait relevé la tête dévisageant l’Altmer, essayant de détailler ses émotions. Il détourne le regard mal à l’aise.



— Demande-moi. Nous n’en sommes plus au temps des cachoteries, je te répondrais...
— Tu n'es pas obligée de m’expliquer. J’ai seulement du mal à comprendre… Est-ce de… l’amour ?



Mélicendre regarde le visage d’Ewen, caressant ses cheveux, passant sur le creux de ses joues, en répondant d’une voix douce à Aesril.



— Je te l’ai déjà dit… Ce n’est qu’un souvenir d’un amour autrefois éprouvé...




Aesril se mord les lèvres pensivement, perdu dans ses réflexions.



— Aesril !? Tout va bien ? …
 Oui… c’est seulement… Je réfléchissais à la façon dont les sortilèges peuvent influencer notre âme et jusqu’à quel point.
— À vrai dire … Je ne suis moi-même pas vraiment sûre…
— Bien… Que vas-tu en faire à présent ? 
— Je vais le laisser dans sa cage… tu as raison sur un point ! Je ne sais pas à quel point mon âme est reliée à ce sortilège … Quand j’ai effectué ce rituel, il y a longtemps, j’étais… désespérée, prise dans un florilège de sentiments qui inondaient mon être… J’ai agi vite ! Je ne sais pas ce qu’il pourrait m’arriver si…
— Dans sa cage ? là où tu l’avais enfermé la dernière fois ?
— Non, dans sa cage mentale… la pierre l'a endormi et il est comme, prisonnier d’un cauchemar, tourmenté par ce qui me tourmentait autrefois… mes sentiments.
— Mélicendre… Tu es sûre que c’est ce que tu veux pour lui ?




Elle plonge dans le regard d’Aesril plissant ses yeux, interrogative,



— Que veux-tu dire ?...
— Je veux dire… Quelle est la nécessité de faire cela ? Tu ne penses pas qu’il vaudrait mieux qu’il soit mort plutôt que de lui faire vivre un tel tourment ?



Elle ne répond pas immédiatement à la question d’Aesril, mais baisse les yeux observant l’expression tourmentée du visage d’Ewen, il était clair qu’il souffrait … L’Altmer toujours debout face à elle, fronce les sourcils en imaginant les souffrances que l’âme de Mélicendre avait dû supporter. 



— Je ne sais pas … Imaginons qu’on le tue et que cela me tue également ? Ou… que tout disparaisse, que je perde à jamais le contrôle de mon âme ? Je n’en sais rien, je dois être certaine des conséquences… c’est lui la clef de ce rituel… 
— Oui… Tu as raison. Cela me peine de l’admettre, mais c’est un risque.



Elle se tait un instant pour se relever face à lui, Aesril levant les yeux vers elle,




— C’est pour cela que j’ai demandé à Kudro de m’apporter ceci … 
— Hmm ? Qu’est-ce donc ?  


Mélicendre se dirige vers la bibliothèque chargée de livres à sa droite, et en sort un vieux grimoire, puis elle va s’assoir sur l’un des canapés et d’un geste de la main, tapote le coussin à côté d’elle faisant signe à Aesril de s’installer. Il enjambe le corps d’Ewen pour se joindre à elle intrigué et Mélicendre dépose délicatement l’imposant livre sur ses genoux ouvrant avec délicatesse l’épaisse couverture aux ornements mystérieux. D’une voix apaisante et douce, elle lui répond :



— Ceci est un grimoire ancestral, de famille. C’est ici que j’ai trouvé le rituel…
— Hmm… Je n’ai jamais vu cela où que ce soit… Fascinant.




Elle tourne les pages avec légèreté, pendant qu’Aesril se penche au-dessus du livre pour analyser chaque détail.




— Ça a l’air plutôt ancien…
— Il se transmet de génération en génération, chaque famille de Divinatrice en possède un. Il contient tous les savoirs de chaque clan, rituels, sorts, cérémonies, traditions… Je serais incapable de te donner l’âge exact de sa création.
— Hmm… à première vue, il rassemble des savoirs de magie communs… agrémentés de rituels païens… intéressant… 



Elle continue de tourner les pages lentement, s’arrêtant parfois sur certains schémas, croquis de rituel, formes… En souriant,



— C’est… Vulgairement … Exact !



Aesril semble soudainement, véritablement captivé, oubliant les convenances, arrêtant parfois la main de Mélicendre pour lire quelques bribes de phrases. Elle l’observe, redressant un sourcil, le regardant avec un regard complice et taquin. Il ne se rend absolument pas compte qu’elle l’observe, ses yeux brillant comme ceux d’un enfant face à un nouveau jouet. Elle sourit s’arrêtant sur l’expression d’Aesril captivé, et  entreprit d’une voix douce et basse en replaçant son regard sur le livre,



— C’est amusant …
— Hmm… Quoi donc ? lâcha-t-il distraitement.
— J’aime voir tes yeux scintiller de cette façon, c’est plaisant...



Il se redresse soudain quelque peu, réalisant son comportement,



— Hem… Je… Ah oui, mes yeux scintillent ?



Elle reprit d’une voix basse comme pour lui chuchoter un secret se penchant sur le côté sans quitter le livre des yeux, toujours en esquissant un sourire en coin.




— Oui, de petites étoiles s’y sont glissées, attention, je vais penser que tu t’intéresses à moi …
— Tu… me parlais du livre. Pourquoi voulais-tu me le montrer déjà ?



Mélicendre tourne les pages lentement puis pointe du doigt un titre “Rituel de la cage aux sentiments”.



— Ah ! Le voilà… Il est très ancien
— Hmm… C’est cela que tu as fait ? Pour tes sentiments ? 
— Oui… Comme tu peux le voir, il est très complexe… J’ai eu énormément de difficulté à déchiffrer le procédé exact… Je pense qu’il me faudrait autant de temps pour en connaître les conséquences…
— C’est bien ce que je pensais… dit-il à mi-voix, pensif. Cela ressemble à un rituel de manipulation d’âme que j’ai déjà lu quelque part...



Elle montre du bout de ses ongles un schéma plus explicite et reprend avec un air plus concentré.



— Oui, c’est le même principe. À la place de manipuler la totalité de l’âme, tu dois fouiller dans tes propres sentiments, faire le tri, faire des choix, les ancrer dans ce monde, en dehors de ton esprit puis les capturer et enfin… Les piéger. C’est un procédé long… très douloureux, et qui demande énormément de concentration et d’énergie...



Elle plisse les yeux caressant la page de sa main, repensant au souvenir de la douleur qu’elle a éprouvée.



— Cela à l’air à la fois dangereux, complexe et extrêmement subtil… Je n’ai jamais eu l’occasion de pratiquer ce genre de rituel, fort heureusement, mais… En comprendre toutes les ficelles demanderait certainement des mois, si ce n’est des années. Je pense que c’est unique à ton âme, Mélicendre.




Mélicendre lui offre un sourire. Aesril la dévisage, soucieux et songeur.



— C’est exactement cela, pour chaque rituel, il faut un point d’ancrage unique, liée à la source de la douleur, des sentiments, dans mon cas le point d’ancrage se trouve sur le tapis…
— C’est ça ton point d’ancrage ? Par Auri-El… Si on le tue, alors ça signifie…
— Oui, la goutte de vin qui à fait déborder ma coupe… c’est lui… Je n’en suis pas sûr, mais c’est possible Aesril...



Elle se lève du canapé et s’agenouille proche d’Ewen. Aesril l’imita, se tenant debout à distance respectable de l’homme.



— Le tuer semble très risqué… et si tu perdais tes sentiments pour toujours… serais-tu encore… humaine ? 
— Peut-être que c’est aussi pour cela … que je n’ai pas trouvé le courage de le faire. Je ne sais pas j’avoue y avoir songé à plusieurs reprises...



Il la regarde en lui lançant un regard compatissant. Elle fuit son regard.



— Hmm… Je comprends.
— La boîte pourrait disparaître à tout jamais, mes sentiments avec… Je pourrais devenir un monstre aux envies de sang… Je… ne sais pas. C’est pour cela que je vais déchiffrer la fin du rituel… et voir ce qui peut être fait et les conséquences que cela implique.
— Tu ne vas pas devenir un monstre Mélicendre. Mais… Cela n’ôte pas le problème… Tu ne peux pas le garder ici ou même dans une cage. Le risque est trop grand… Maintenir cet homme en vie risque d’être compliqué dans son état.



Elle lève les yeux vers lui puis se redresse,



— Je le sais… Tu as une solution, peut-être ?
— Je… Non. Non, ça ne te plairait pas et… Attends… Me dis-tu cela parce que tu te doutes que j’ai une solution qui n’est pas réjouissante et que tu veux que je te la propose ? 
— Je suis sûr que tu y à déjà pensé, tu es trop intelligent pour ne pas l’avoir fait.



Elle avait plongé son regard dans le sien, soutenant sa remarque en fronçant les sourcils.



— Hmm… essayerais-tu de me flatter ?



Aesril tente de détourner le sujet, Mélicendre lui répond avec un sourire taquin.



— N’est-ce pas ce que je fais le mieux ? - Elle eut un petit rire avant de reprendre. - Je suis juste réaliste. Alors, dis-moi, à quoi tu pensais ?
— Eh bien… Je pourrais capturer son âme pour toi. Si tu le veux. Tu pourrais le garder avec toi pour toujours. Sans risques.




Elle soupire, baissant son regard en direction d’Ewen, puis s’agenouille auprès de lui.



— Il… Il ne va pas souffrir ? 



Aesril baisse son regard vers elle, en pinçant les lèvres.



— Je… Pas plus qu’il ne souffre en ce moment même. Bloqué dans un corps, bloqué dans une gemme… c’est la même chose. Mais son corps ne souffrira plus.




Aesril déglutit, mal à l’aise tandis que Mélicendre caressait le visage d’Ewen, le regardant avec une certaine douceur, ses lèvres puis ses cheveux, songeuse, ressentant une sorte de pincement dans sa poitrine, se remémorant de beaux souvenirs… Puis son abandon, sa tristesse, la douleur qu’elle avait ressentie, la colère, la rage… et d’une voix ferme et déterminée, elle reprend.



— Alors… Fais-le !



Aesril sursaute, surpris



— Tu… Tu es sûre ? Maintenant ?
— Tu vois une autre solution ?
— … Non.
— Fais-le … Maintenant.

Il se fige un instant, s’imaginant faire cela à Elia… se demandant s’il en serait capable. Puis reprend ses esprits,



— Bien… D’accord Mélicendre. Hem…
— De quoi as-tu besoin ?
— Il faut… Apaiser l’âme. Lui faire oublier qu’elle était en vie. Éteins le feu, s’il te plait.



Mélicendre se redresse, n’affichant aucune expression, et se dirige vers le feu, l’éteignant d’un seau d’eau, avant de se replacer à genoux en face de lui, à côté d’Ewen.


— Merci.
— Un instant… S’il te plaît. Je souhaite juste faire… Quelque chose avant…
Oui, Bien-sûr… - répondit-il d’une voix douce.
— Qui devrait te faciliter la tâche...



Mélicendre posa ses mains sur le visage d’Ewen, et caressa doucement les formes de son visage, pendant qu’Aesril l'observait avec attention. Ses yeux devinrent blancs… Elle se concentre, ses yeux se plissant en se fermant, elle entre doucement dans la cage mentale d’Ewen, peu à peu elle le libéra des sentiments qui le tourmentaient, qui le terrifiaient et il s’apaisa. Elle s’approcha de lui, comme dans un rêve, lui projetant un souvenir, le replongeant dans le passé, comme s’il revivait ce moment.


Ewen revient de sa journée au front, il entre dans la petite roulotte aux couleurs vives de Mélicendre. À pas feutré, sans un bruit, il la surprend en lui faisant peur, plaçant ses mains sur ses yeux, elle crie. Ils rient aux éclats et s'embrassent amoureusement. Aesril détailla le visage de Mélicendre tandis qu’elle semblait être plongée ailleurs.
Mélicendre s’éloigna peu à peu, abandonnant Ewen à ce rêve, ce souvenir doux, simple de bonheur et d’amour. Sa poitrine se serre… elle ouvrit les yeux, qui reprirent leur couleur d’origine, caressa ses cheveux et déposa un baiser tendre sur ses lèvres, prenant sa main dans la sienne, avant de reprendre toujours d’un ton ferme.



— Maintenant.
— Mélicendre… Je ne suis pas obligé de faire ça, tu sais.
— Nous… n’avons pas d’autres choix, Aesril ! Je ne peux pas… Plus retrouver mes sentiments ce serait trop… Nous n’avons pas d’autre choix c’est trop de risques pour toi comme pour moi… Tu es prêt à mettre tout ce que tu as construit, depuis tout ce temps en péril pour lui ? J’en doute…
— C’est bon… Je vais faire cela proprement. Je te le promets.



Mélicendre lève la tête plongeant son regard dans celui d’Aesril, avec douceur. Il tente de maintenir son regard avant de le détourner vers Ewen.



— Merci…
— Mélicendre… Tu devrais lâcher sa main. Ce rituel peut-être très puissant, je ne veux pas t’affecter…
— Si je lâche, il retourne dans le tourment… Je veux qu’il soit apaisé, ça ira.
— Hmm… ça ne me facilitera pas la tâche mais bon… Je vais redoubler de concentration
— Je te remercie, Aesril.



Il acquiesça doucement et plaça ses mains au-dessus du corps, en fermant les yeux. Il déplaça lentement ses mains et commença à murmurer les paroles d’un rituel. Sortant de sa poche une pierre d’âme noire, il la prit entre ses mains et laissa la magie venir à lui pendant que Mélicendre continuait de tenir fermement la main d’Ewen, se concentrant sur le souvenir, regardant son visage et les mouvements de son torse. À voix basse Aesril prononce clairement.




— Que ceux qui sont nos ancêtres protègent cette âme et son enveloppe… Qu’Ewen disparaisse et renaisse dans cet éclat du ciel...



Des volutes bleutées commencèrent à emplir l’air, dans une brume glaciale. Mélicendre observait la scène impassible, pendant qu’Aesril continuait, tenant fermement la pierre avant de conclure le rituel. La gemme se mit à briller vivement avant que l’éclat ne s’apaise quelque peu pour produire une douce lueur scintillante. Le corps d’Ewen parut expirer pour la dernière fois. Mélicendre lâcha doucement la main du Bréton, voyant les mouvements de son torse se faire plus rares, puis déposa sa main sur son front avant de prononcer une prière dans sa tête.
Aesril regarda la pierre entre ses mains avant de tourner les yeux vers Mélicendre.



— Je… C’est terminé.



Elle redressa la tête vers lui, ils se relevèrent tous les deux et il lui tendit la gemme contenant l’âme d’Ewen.



— Ceci te revient à présent. - dit-il en détournant le regard sur le côté, mal-à-l’aise.
— Merci… Je vais la mettre en lieu sûr.
— Oui, en effet… C’est une bonne idée.


Mélicendre se dirigea vers le coffre, le déverrouilla et enroula la gemme d’un tissu de satin vert avant de le déposer délicatement au fond du coffre et le fermer à clef. Aesril se sentit soudainement submergé par une vague de fatigue intense et s'assit lourdement sur la banquette, tenant son visage entre ses mains, fermant les yeux. Mélicendre revint alors auprès de lui, en l’observant.




— Tu as l’air épuisé ? 



Elle se dirige vers la cave a vin, en sort une bouteille ainsi que deux coupes, qu’elle remplit généreusement, avant d’offrir l’une d’elles à Aesril, qui releva subitement la tête vers elle en la sentant approcher, quelque peu sonné.



— Ah… Oui. Merci Mélicendre.



Il prit le verre proposé, et but une grande gorgée de vin. Mélicendre baissa les yeux sur le corps d’Ewen perplexe, en buvant sa coupe. Face au silence, gêné, il lâcha :



— Je… Tu sais, je n’ai aucun plaisir à tuer… Chaque fois… chaque fois que j’ai ôté la vie, je l’ai fait par nécessité.
— Ne te justifie pas Aesril, ça n’a pas été plaisant… Même pour moi…
— Je ne me… Ah, si, tu as raison. Pardon..
— Trinquons !
— … Trinquons ?



Mélicendre regarda Aesril en levant son verre, un léger rictus au coin des lèvres. Aesril lève des yeux cernés vers elle.



— À ce qui doit-être fait ! …
— Hmm, approuva-t-il d’un ton monocorde. Oui. À ce qui doit-être fait. Santé.
— Santé ! 



Il regardait dans le vide, cherchant à ressentir quelque chose, sans y parvenir. Mélicendre le dévisagea…




— Aesril ! … Tu devrais dormir ici cette nuit …
— Ici ? Mélicendre…
— Je serai affairée ailleurs… Je ne risque pas de me glisser sous tes draps ne t’inquiète pas aha…
— Ailleurs ? Comment ça ? Où ?




Elle regarda le corps sans âme d’Ewen étendu sur son tapis en plein milieu de la pièce et leva un sourcil taquin. Aesril suivit son regard en comprenant où elle voulait en venir.



— Tu ne crois quand même pas que je vais le laisser ici… Il faut s’occuper de cela maintenant.
— Hmm… Oui tu as raison. Et tu veux que je reste dormir… Pour te donner un coup de main ? 



Mélicendre s’approcha et s'agenouilla face à lui déposant ses mains sur ses genoux. Il la dévisagea avec étonnement se demandant ce qu’elle était en train de faire, elle lui sourit intensément puis, devenant très sérieuse, elle lui dit :




— Je veux que tu restes ici pour te reposer et dormir … Je n’ai pas besoin de ton aide, je veux faire ça seule… Je… dois faire ça seule.



Il fronça les sourcils pour dissimuler son malaise,

— Seule ? Tu vas réussir à transporter le corps toi-même ? Et tu te soucies de moi ? - Dans un long soupir.
Je l’emporte à Daguefilante, je connais le lieu, je vais l’enterrer à côté de son père… avec un portail cela devrait aller ne t’inquiète pas. Et oui, qui l’aurait cru… Le serpent se soucie… aha
— Hmm… Tu es sûre que tu ne veux pas de mon aide ? 
— Écoute ! Si tu es fatigué… Tu risques de faire une erreur… Or, toi et moi n’avons plus le droit à l’erreur… pas après ce que l’on vient de faire.

Aesril esquissa un sourire plein de lassitude, et Mélicendre reprit d’un ton joueur.



— Alors… repose-toi, mon amour.
— Hmm… Tu as raison. Qui aurait cru que le Serpent était capable de véritables gestes de tendresse ? Es-tu sûre que tes sentiments sont vraiment dans cette boîte ? taquina-t-il en déposant une caresse tendre sur sa joue.
— Aha, Les divins seuls le savent…
— Je vais te resservir un verre, si tu veux …
— Avec plaisir ! 

Aesril se dirigea vers la cave à vin, tandis que Mélicendre se dirigea vers une penderie qui se trouvait un peu plus au fond de la petite chambre, commençant à se dévêtir sans aucune gêne. Il venait de finir de servir les verres quand il se retourna, amorça pensivement quelques pas dans sa direction, les deux coupes dans les mains et se retrouva avec l’image de Mélicendre, dos à lui, nue.



— Euh… Mélicendre ? Tu fais quoi, au juste ?




Mélicendre fouillait dans son armoire, totalement à l'aise, cherchant une tenue plus adéquate.




— Tu ne crois tout de même pas que je vais ruiner cette magnifique tenue ! 
— D’accord, j’ai compris, c’est à moi de détourner le regard… 
— Oh non ! tu peux regarder… Si tu veux, lança-t-elle d’un ton vicieux.



Déterminé à lui laisser son intimité dans la chambre déjà petite, Aesril fit volte-face. Il demeura un instant devant le corps inanimé d’Ewen et pinça les lèvres, se disant qu’il ne pouvait tout de même pas boire face à cette triste vision. Il se retourna pendant que Mélicendre se jouant de la situation, se vêtissait délicatement, avec sensualité en riant légèrement, imaginant l’expression de l’Altmer. Lorsqu’elle fut prête, elle attrapa un sac à dos, munie d’une pelle et se retourna vers lui, toujours en souriant, levant un sourcil.




— Voilà, ce n’était pas si dramatique… aha



Elle se saisit d’un des verres que tenait Aesril et but une gorgée du breuvage qu’il contenait.




Il darda sur elle un regard enjôleur.




— Je n’ai jamais vu une aussi charmante pilleuse de tombes.
— Ah ! Vous vous améliorez sur les compliments très cher, lança-t-elle ravie, en prenant une voix hautaine et souriant.
— Il faut dire que cette vision était plutôt agréable de ce côté… Hm… Je dois vraiment être fatigué, dit-il, levant vers elle un regard espiègle.
— Oui, tu dois être exténué ou… Peut-être malade ! Haan laisse-moi toucher ton front pour vérifier ! - riant de bon cœur en jouant la comédie.



Elle continuait de rire, quand Aesril se mit soudainement à l’observer avec un mélange d'inquiétude et d’amusement.



— Avant que tu ne partes… Je me doute que tu n’es peut-être pas d’humeur à parler de cela, mais… Ton rendez-vous à Gideon. ça a donné quoi ? 




Elle releva les yeux vers lui, devenant soudain sérieuse mais toujours avec un rictus en coin



— Ah oui ! J’avais presque oublié notre roi des rats… Tout s'est passé à merveille…
— Il venait pour Silgrid, c’est cela ? Il voulait savoir où elle se trouvait ? 
— Exact… Il m’a demandé de  la retrouver. Je lui ai dit que c’était impossible, je lui ai donné ce qu’il voulait. - ajouta-t-elle en riant
— Comment cela ?  demanda-t-il, intrigué, malgré qu’il sentait ses paupières devenir lourdes.
— J’ai prétendue avoir une vision, Oh, bien-sûr je ne lui ai pas dit ce que j’avais vu, je lui ai dit qu’elle était en vie, mais que tu pouvais la tuer à tout moment, s’il cherchait à la retrouver, pour rendre tout ceci réel, j’ai décrit une crypte nordique sans en avoir la certitude… Ce qui devrait le mener sur une fausse piste et l’occuper un temps. Et il croit que je suis en danger ! Aha !




Aesril, lui lance un regard amusé se retenant de rire.




— En danger ?... Pff - Il finit par éclater d’un rire franc, se laissant aller sous l’effet de la fatigue et de l'alcool.
— Oui, mieux encore : il veut me sauver de tes griffes, il est persuadé que tu veux me faire du mal, si tu apprends que je l’ai aidé. S’il savait que je rêve en secret que tu me fasse du mal ! aha 


Il lança un regard complice à Mélicendre,


— Oh Mélicendre, mon doux Serpent… Tu es brillante ! 
— Hm… J’aime de plus en plus tes compliments, arrête je vais m’y habituer 
— Il fait si froid...


Il se dirige vers l’âtre, plaçant sa main au-dessus des bûches pour en rallumer le feu d’un sort. Mélicendre l’observe en plissant les yeux. Le sort exécuté, Aesril sentit sa tête vaciller un peu plus, mille chandelles brillant derrière ses paupières, le sang battant contre ses tempes. Le sortilège de capture d’âme et le manque de sommeil lié à ses horaires interminables l’avaient épuisé.


— Oh… 
— Attends...
— J’ai la tête qui tourne… Je suis un idiot.
— Assieds-toi. - lui conseilla-t-elle doucement, en lui approchant une chaise.
— Aha… Merci.
— Je vais te laisser te reposer, il doit rester quelque chose à manger dans le placard au fond de la chambre.


Mais Aesril n’avait que faire de la nourriture pour le moment. Il plongea des yeux à demi-ouverts dans ceux de la divinatrice.



— Tu es… étrangement agréable… marmonna-t-il, sa tête se mettant dangereusement à pencher sur le côté.
— Tu en doutais… Peut-être que tu ne voulais pas le voir avant haha, j’ai toujours été douce… C’est ma spécialité.



Il rejeta la tête en arrière, fermant les paupières pour de bon.



— Haha… Je ne… te mérite pas… Méli…
— Aesril ! Viens t’allonger… Tu en à besoin, je le vois, je le sens - Elle ferma les yeux - Même ton essence magique est fatiguée… et varie dangereusement, cela te fera du bien.


Il se réveilla brusquement,


— Hmm… Quoi ? Oui, Bon. Rien qu’une fois, hein.

Mélicendre tendit sa main vers Aesril pour l’aider à se relever et à le maintenir, se dirigeant vers le grand lit installé au fond de la pièce. Docilement, il la suivit, désorienté par la fatigue. Il s’allongea, et elle s’installa assise à ses côtés, caressant ses cheveux blonds. Aesril ferma les yeux presque instantanément esquissant un sourire et d’une voix douce et légère, il lui dit tout bas,


— Merci … Joli Serpent.

Elle se pencha sur son visage, et déposa un baiser sur son front puis se glissa près de son oreille pour lui chuchoter, dans un ton taquin et vicieux, affichant un sourire en coin,


— Ne dors pas sur tes deux oreilles mon chéri, les serpents se glissent dans les draps … 


Elle se redressa et descendit du lit, avant d’entendre Aesril marmonner quelque chose d’incompréhensible riant dans sa barbe. Elle rit doucement scrutant l’Altmer épuisé, ne pouvant s’empêcher d’avoir des images perverses en tête. Puis elle commença à se diriger vers Ewen quand elle fut arrêtée par les gémissements d’Aesril perdu dans un sommeil profond et fit demi-tour pour se rapprocher de lui.


— N… ne me laisse… pas… seul… bredouilla-t-il, la voix engourdie, étouffée par  les épais oreillers de plumes.


De nouveau elle déposa sa main sur son visage caressant sa joue de son pouce, 


— Chut … Ce n’est rien … Tu n’es pas seul … Je veille sur toi, ne l’oublie pas ...



Aesril s’apaisa et Mélicendre se dirigea vers le corps d’Ewen sur le sol, elle le regarda un instant affichant un visage sans émotion, s’agenouillant elle attrapa le sac en toile pour recouvrir son visage. Et elle ouvrit un portail en direction du cimetière de Daguefilante.


Elle arriva sur le lieu de la tombe de son père, une stèle sur laquelle une inscription était gravée lui confirma qu’elle était au bon endroit : “Ici repose Allan Lafourche, repose en paix”. Elle tira le corps sur le côté et commença à creuser, dans le silence de la nuit avec pour seul éclairage la lueur de l’Astre divin. Après quelques heures de labeur, le trou est enfin terminé. Elle traîne respectueusement et en silence, le corps du Bréton dans la fosse. Elle se redressa transpercée par un pincement qui lui resserra les entrailles. Sans y faire attention, et d’une voix tendre et basse, elle plongea ses yeux au fond de la fosse avant de les fermer.

— Soit apaisé, mon amour … On se retrouvera … 


Puis elle recouvrit lentement le corps du pauvre Ewen, en silence. La lueur du jour commençait à réchauffer l’atmosphère et un rayon l’éblouit. La nuit avait bien avancé, il était temps pour elle de rentrer. 


Surgissant d’un portail elle revint à sa chambre dans le canton de Vivec, pleine de boue, de terre et elle se dirigea vers une bassine au fond de la pièce jetant un coup d’œil à Aesril qui dormait paisiblement, elle retira ses vêtements, se dénudant totalement et passa un linge humide avec douceur sur ses bras et ses jambes ôtant la terre qui s'était accumulée. Elle passa alors le linge sur son visage et le reste de son corps, avant de se sécher et d’enfiler des dessous et une longue chemise.
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Le Mage & le Serpent Empty Le Mage & le Serpent - À propos des sentiments - Part II

Mar 7 Déc - 0:55
Elle s’approcha du lit, exténuée et, sans réfléchir, se glissa à côté d’Aesril, le poussant délicatement sur le côté, s’enroulant dans les draps parfumés et se blottit instinctivement contre lui, avant de sombrer dans un sommeil profond.

Plongeant un peu plus sous les draps à l’odeur de jasmin, il esquissa un léger sourire en se sentant doucement poussé sur le côté. Il y avait si longtemps qu’il n’avait pas dormi dans un lit si confortable et il avait le sentiment d’être enveloppé d’un merveilleux voile de douceur. Autour de lui, pour une fois, il ne percevait pas les ronflements de Compagnons particulièrement bruyants ou les bruits de pas dans les couloirs. Plus agréable encore, il pouvait sentir la chaleur d’un corps étendu près de lui. Instinctivement, il se lova contre Mélicendre, passant innocemment le bras autour d’elle pour la rapprocher de lui. Il n’avait aucune idée d’où il se trouvait et de qui était cette personne à ses côtés, mais en ce moment, il n’en avait cure. Il était simplement bien.

Mélicendre ouvre de grands yeux, surprise par le geste de l’Altmer, qui est toujours si distant, si droit, si ennuyeux… Et profite de la situation, pour se blottir contre lui, entremêlant sa jambe avec les siennes, déposant un baiser sur ses lèvres, puis déposant sa tête contre son torse avant de fermer les yeux.

Les muscles de son visage et de sa mâchoire se détendirent en sentant la chaleur des lèvres contre les siennes et il émit un profond soupir de satisfaction. D’une main, il attrapa doucement la jambe de la femme pour la remonter légèrement contre lui et de l’autre, il caressa le textile de la chemise voluptueuse. Elle suit les mouvements d’Aesril, se laissant entreprendre, elle était épuisée, quand sa main se dépose sur sa cuisse, elle frissonne et pose ses mains dans le bas de son dos, caressant du bout de ses ongles au-dessus de la couche de tissus qu’il porte et se blottit collant son visage dans sa nuque, frottant ses pieds froid contre la douceur de ses draps, prête à s’endormir et récupérer de sa nuit.

Malgré tout, sa nuit fut agitée. Il rêva - ou plutôt, cauchemarda - de visions qui le hantaient. Il se crispa, attrapant la main de la divinatrice pour la serrer de toutes ses forces, tandis que sa respiration se faisait plus saccadée… Avant d’ouvrir les paupières d’un coup, sans comprendre où il se trouvait.

Mélicendre, sursaute de surprise et ouvre difficilement ses yeux, elle venait tout juste de commencer à entrer dans un sommeil profond, elle sentait sous sa tête les mouvements de torse d’Aesril s’accélérer, elle se redresse sa main toujours prise dans la sienne, d’une voix qui se veut la plus rassurante possible, brouillée par le manque de sommeil, caressant son torse,




— Aesril… chut… ce n’est rien... rendors-toi.
— Que…

Il se redressa légèrement pour tenter de mettre un nom sur la voix qui s’adressait à lui. Il connaissait cette voix. La tête lui tournait toujours et il estima qu’il n’était pas en danger immédiat. Il reposa la tête sur l’oreiller, fermant les yeux à nouveau. Il eut une pensée fugace avant de replonger dans le sommeil ; “Mais qu’est-ce que je fabrique chez Mélicendre… ”





La vie commençait à reprendre dans les couloirs de l’auberge à Vivec, les bardes commençaient à ajuster leurs instruments avant de jouer, les cuisiniers commençaient à préparer les repas pour les occupants des chambres, les femmes de ménages balayaient les couloirs, essayant de faire le moins de bruits possible pour ne pas réveiller les lève-tard.


Il rouvrit les yeux bien plus tard, émergeant doucement, l’esprit embrumé. Il contempla un moment les mosaïques du plafond, détaillant les formes des faïences délicates. Respirant doucement, il pouvait sentir la chaleur du corps de la divinatrice contre son torse. Il hésitait à faire le moindre mouvement, de peur de la réveiller. D’un autre côté, il ne pouvait s’empêcher de se demander combien de temps il avait dormi ; cela faisait longtemps qu’il ne s’était senti si reposé.




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Une pensée lui vint alors à l’esprit : il se demanda comment il avait atterri dans le lit de Mélicendre. Portait-il seulement encore ses vêtements ? Oui, cela, c’était bon. Mais alors, que faisait-elle ainsi contre lui ? Avait-elle profité de la situation ? Il tenta de rassembler les souvenirs qu’il gardait de la veille… la capture de l’âme d’Ewen, la fatigue qui s'en était suivi, la plaisante discussion qu’ils avaient eu après et… les événements semblaient flous, après cela. Il se remémorait l’incongru souvenir de Mélicendre prononçant de douces paroles. Avait-elle vraiment eu des gestes de tendresse à son égard ? Il fronça les sourcils, mal à l’aise et réalisa que sa main était toujours posée sur son épaule. Il se racla la gorge avant de dire très doucement :




— Hum… Mélicendre ? Es-tu réveillée ?





Elle sentit vaguement un mouvement sous sa tête, puis une voix, et se glissa en boule sur le côté, poussant des gémissements attrapant la couverture pour s’emmitoufler à nouveau dedans, son changement de position découvrit ses hanches, elle grimaça en marmonnant,

— Hum… Aesril... Laisse-moi dormir… Juste encore un peu...

Mille pensées avaient déjà envahi son esprit avant qu’elle ne lui réponde, son cœur se mettant à battre un peu plus vite… La Citadelle, les Compagnons… Il n’était pas rentré. Ils s’étaient sûrement déjà rendu compte qu’il n’avait pas passé la nuit là-bas. Et Mazar… “Mazar serait sûrement ravi que je prenne un peu de repos” se dit-il finalement en apaisant ses tourments. Il réalisa que cela faisait d’ailleurs une éternité qu’il n’avait pas mis toute cette frénésie de côté. Mener toutes ces machinations en permanence était si épuisant. Il aurait sûrement bien des choses à faire dès lors qu’il aurait passé cette porte. Mais pour l’heure, tout ceci pouvait attendre. Après tout, qu’est-ce que quelques heures hors du temps, pour une fois ?

Il esquissa un léger sourire. Après tout, il n’était pas Valriel ici.

— Oh allons, Mélicendre... Tu as profité de mon corps toute la nuit, cela ne t’a pas aidée à bien dormir ? lança-t-il avec son habituel ton espiègle.

Elle lève un sourcil, et esquisse un sourire en coin, sans ouvrir les yeux, elle tourne à moitié son visage vers lui, satisfaite de l’entendre visiblement de bonne humeur et son ton joueur la ravie d’autant plus…
Oh, Mais si voyons, mon chéri ! Enfin, sans les ronflements cela aurait été parfait. Elle rit légèrement se moquant ouvertement de lui.


Il releva la tête vers elle, entendant son rire, un sourire en coin étirant légèrement ses lèvres. Il l’observa un moment, étendue dans les draps, ses cheveux de jais quelque peu ébouriffés, dépourvue d’artifice, vêtue d’une simple chemise couvrant à grand-peine son corps. Il se surprit à apprécier de la voir sous ce jour.


— Je vois que tu prends tes aises autant pour te moquer de moi que pour te dévêtir, apparemment, répliqua-t-il sur le même ton badin.
— Tu trouves que je suis trop couverte ? Oh mille pardons ! Je peux arranger cela si tu veux… Haha. Toujours sous la taquinerie et le jeu commençant à déboutonner sa chemise.

Elle n’arriverait plus à dormir de toute façon, les plaisanteries l'avaient définitivement sortie de son sommeil, mais cela avait le mérite de l’avoir mise de très bonne humeur. Elle se tourna vers Aesril faisant face à son torse. Il l’observait, et cela l’amusait d’autant plus.

— Qu’y a-t-il ? Hum… Non attend laisse-moi deviner Hmm… Oh, la divinatrice est naturelle au réveil ?

D’ordinaire, il lui aurait dit de cesser ces jeux qu’il considérait grotesques. Mais en ce moment, quel intérêt ? Nul ne l’attendait et il se sentait bien. Tout dans cette pièce lui était agréable et stimulait ses sens. Il pouvait sentir les odeurs des petits-déjeuners préparés dans les cuisines adjacentes, la douceur des draps sous ses doigts, la senteur de l’encens et du jasmin. Mélicendre se sentait d’humeur taquine et ce n’était pas pour lui déplaire. Qu’importait si elle ne faisait que jouer avec lui, pour une fois. Un peu de facilité ne lui était pas désagréable.

— Ce doit être un jeu d’enfant pour toi de lire dans mes pensées. - Il se redressa un peu plus, calant un oreiller sous sa tête avant de détailler son attitude. - Cela dit, je crois savoir moi-même où tu veux en venir. Mais, oui, en effet, cette apparence te sied. Ce n’est pas déplaisant de te voir sous un jour différent.

Elle se redresse à son tour, posant sa tête dans sa main appuyé sur son coude, de côté en plissant ses yeux scrutant les expressions de l’Altmer.


— C’est le cas, mais ne crois pas que je m’amuse à fouiller dans tes pensées, je demande toujours le “consentement” haha… C’est un joli compliment ! J’apprécie, Merci…

Il fit la moue, roulant les yeux vers elle en lui adressant un regard entendu quand elle parla de “consentement”. Il ne pouvait s’empêcher d’avoir quelques doutes. Il s’étonna qu’elle ait l’air touché par le compliment. Était-elle si bonne actrice que cela ? Mais il balaya cette pensée rapidement. Cela n’avait guère d’importance, à vrai dire.

L’estomac de Mélicendre se mit à crier famine et elle se redressa pour s'asseoir sur le lit, se moquant éperdument que sa chemise laisse apparaître le haut de ses cuisses, et se glissa sur le côté pour se lever. Elle regarda Aesril d’un air taquin, agrémenté d’un léger sourire, et se dirigea vers la porte de la chambre, laissant dévoiler ses courbes, par le mouvement du tissu sur ses hanches, souligné par sa chevelure qui habillait le bas de ses reins. Aesril se surprit à apprécier observer ce spectacle, la suivant du regard de façon impudique, la détaillant pour mieux comprendre ce qui lui plaisait dans tout ceci. Elle sort de la chambre s’arrêtant derrière la porte, dans le couloir.

— Merci d’avoir patienté.

Elle revint à l’intérieur de la pièce refermant la porte de son pied, avant de revenir s'asseoir auprès de lui, portant un plateau argenté, ornés de motifs fleuris, garnie de fruits, d’une jarre de jus, ainsi que de quelques petites brioches sucrées.

— J’espère que tu as faim, mon cœur ? - demanda-t-elle d’un ton léger

Elle dépose délicatement le plateau entre eux, avant d’installer un coussin dans son dos pour s'asseoir et remplir un verre à son invité. Son obligeance à son égard et son ton affable rappela à l’Altmer qu’elle le traitait certainement comme un autre de ses clients. Il n’avait pas envie de laisser son esprit se faire duper par cette exquise illusion. Et d’un autre côté… Elle semblait avoir véritablement envie de partager un petit-déjeuner avec lui. Et tout avait l’air délicieux. Il la scruta de bas en haut, sans se départir de son air taquin :

— Et combien tout ceci va me coûter ? - demanda-t-il, haussant un sourcil.
— As-tu besoin d’un autre de mes services ? répliqua-t-elle après avoir lâché un rire étouffé par un souffle, caressant la nuque de l’Altmer.


Docilement, il la laissa approcher la main et il fit mine de réfléchir :

— Voyons voir : je me réveille dans ton lit, tu as dormi contre moi à demi-nue et maintenant je me fais servir le petit-déjeuner au lit… la note risque d’être salée, non ?
— Oh, Oui la note risque d’être très élevée, haha - Elle lâcha un rire sincère - Dis-moi, est-ce qu’à un moment dans ta cervelle d’Elfe hautain te serait-il venu à l’idée que je puisse apprécier ce moment, et surtout en profiter pour me détendre ?

Elle leva les yeux au ciel, en riant, lâchant le visage d’Aesril pour se concentrer sur une grappe de raisin, qui lui faisait de l’œil, elle détacha minutieusement les fruits violets pour les placer dans sa bouche et les déguster.


Il afficha un sourire triomphant, ravi de la remarque de la divinatrice.

— Donc tout ceci est pour le simple plaisir de ma compagnie ? Hmm… j’ai l’impression que c’est un honneur rare, dans ce cas.

Il vola un grain de raisin dans la main de la sorcière pour le faire croquer entre ses dents, amusé. Mélicendre lui lance un regard grivois, et l’observe croquer dans son raisin en souriant avec malice.



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— En effet, réjouis-toi, déguste et par pitié tais-toi ! haha.


Mélicendre soupira, profitant de cette belle matinée et des sons que la vie active de l’auberge émettait. Elle avait presque toute sa vie vécue entourée et la solitude lui pesait, elle savait profiter de ce genre de moment. Aesril aussi se sentait étrangement bien. Il comprit soudain pourquoi il était si relaxé : il ne portait pas ses bandages. Il était lui-même. Être avec Mélicendre était simple en ce moment présent. Pas de conflits, pas de manigances.

Il obéit à sa demande et garda le silence quelques secondes, profitant de ce luxueux petit-déjeuner… Mais il était trop heureux de partager un peu de compagnie. Il se sentait d’humeur à discuter. Il releva les yeux vers elle et l’analysa, reprenant soudain son attitude sérieuse.

— Tu sembles… détendue. Heureuse. As-tu l’impression toi aussi que les dieux nous offrent enfin un peu de répit ? Avant la tempête, certainement… Mais c’est déjà cela.
— Je le suis… Tu sais Aesril, je vie souvent à travers la noirceur des âmes, des pensées et des rêves des autres… Alors j’ai appris à savourer ce genre de petits moments hors du temps, j’ai appris à voir, ce qui n’est que trop peu observé, à écouter ce qui n’est que trop rarement entendue… Alors peut-être que les dieux nous offrent ce moment de calme, de détente avant d’essuyer les bourrasques d’une tempête, mais en pensant à cela, mon chéri, tu t'empêches de profiter entièrement de cette douce journée.

Elle avait fermé les yeux au cours de sa phrase, respirant calmement, complètement détendue. Il ne put s’empêcher de retrouver son sourire en l’entendant, quelque peu surpris par la sagesse de ses propos. Il prit à son tour une profonde inspiration, étirant ses bras et défit quelque peu les boutonnières de son pourpoint de voyage, trop ajusté à son goût avant de s'étendre un peu plus, se tenant sur un coude. Il jeta un coup d'œil à la divinatrice, un sourire en coin.

— Tu as raison. Profitons-en pleinement, dans ce cas, lança-t-il d’une voix caressante, attrapant une framboise dans la coupelle pour tendre le bras par-dessus le plateau, offrant le fruit aux lèvres de la sorcière.

Mélicendre l’observe, avant d’accepter la framboise, d’un sourire plein de vice, ne résistant pas à l’occasion qu’Aesril lui donnait. Elle passa délicatement sa langue sur le bout de ses doigts, puis croqua le fruit.

— Tu sais, que tu peux te mettre à l’aise ? Ah moins que - Elle fait semblant de réfléchir - Tu as peur que le torse du bel Aesril ne gâche cette belle matinée… haha


Un éclat lascif brilla dans ses iris verts, acquiesçant d’un mouvement presque imperceptible de la tête, songeant à une récente conversation avec Phèbe.

— Oui… Elle avait raison. Tu es vraiment une vilaine fille, Mélicendre. - Avant d’éclater d’un rire franc.

Il baissa alors les yeux vers sa tenue, avant de piocher à nouveau d’autres framboises dans la coupelle, lançant avec détachement :

— Je me dévêtirais bien un peu, mais j’ai les mains prises.

Elle se pencha vers lui, en appuie sur son coude, hochant la tête en lui souriant, dans un ton léger et doux elle pose sa main sur le torse de l’Altmer.

— Mon cher Aesril, vous prenez plaisir à me voir vous servir à ce que je vois… aaah, que ne ferais-je pas pour vos beaux yeux…

Elle détacha les boutons délicatement de ses doigts habiles, plongeant son regard bleu azur dans ses yeux verts. Pour une fois, il avait l’air de se laisser aller, s’amusant lui aussi de cette situation. Elle avait l’impression de devoir profiter de cette complicité comme si, du jour au lendemain, elle pouvait leur filer entre les doigts. Peut-être commençait-il à comprendre sa façon frivole et légère de voir les choses et de s’en amuser. À cet instant elle ne se sent pas comme un vulgaire objet que l’on paye et l’on use au bon vouloir de ses dons, elle se sent simplement vue, pour ce qu’elle est et c’était peut-être en ce point qu’ils se ressemblaient le plus.

Il la regarda faire avec la plus grande attention, admirant la finesse de ses doigts dénouant les boutons avec soin. Il y avait longtemps que nul n’avait fait preuve de la moindre tendresse ou de la moindre délicatesse à son égard. Et longtemps qu’il n’avait laissé quiconque l’approcher également. Il termina d’engloutir avec bonheur les framboises et profita d’être enfin libéré de son carcan pour délacer les lanières de la chemise sous son pourpoint, laissant apparaître un peu de peau dorée et les maillons d’une chaîne fine qui plongeait sous ses vêtements. Il rabattit ensuite son regard vers Mélicendre qui l’observait. Il continua ses taquineries pour ne pas laisser apparaître ses émotions.

— Tu as eu tort de me gratifier d’un tel traitement. Je sens que je m’y habituerais très vite…

Elle observe se mordillant l’intérieur de ses lèvres Aesril délaçant les liens avec finesse, elle analyse les formes de sa mâchoire, détaille les courbes de ses lèvres, en descendant son regard le long de sa nuque pour poser ses yeux sur la chaîne. Un souvenir lui revint à l’esprit, elle revoit les images de la deuxième fois qu’elle avait rencontré Aesril, ou plutôt Valriel, dans cette Taverne en Orsinium. Elle se souvient du pendentif de la boîte à musique, des flammes… Par curiosité, elle tend sa main caressant au passage la peau de l’Altmer du bout de ses doigts jouant avec la chaîne.

— Tu as bien raison d’en profiter… Je sais que je peux être très vilaine parfois - Elle rit d’un rire doux et léger, fixant toujours le pendentif - Il est beau, je n’apprécierais pas autant ce moment je te demanderais ce qu’il représente pour toi ? Dit-elle en simulant son indifférence.

Le malaise s’empara quelque peu de lui en sentant le regard perçant du bleu déroutant des yeux de la divinatrice, le sondant avec intensité. Le souvenir d’un rêve effroyable qu’il avait fait quelque temps auparavant se projeta dans sa mémoire avec force et il frissonna en entendant les paroles de Mélicendre qui résonnaient dans sa tête à la manière d’un vent glacial. Il baissa les yeux vers le pendentif qu’il gardait avec lui à tout instant. Il prit l’écrin de métal qui contenait la pierre bleutée au creux de sa paume et l’observa un moment. Il releva les yeux vers Mélicendre, l’air songeur.

— C’est… un réceptacle. Une création de ma conception. Ce n’est qu’une autre pierre Ayléide, mais… Enfin, ce serait compliqué à expliquer. Pour l’heure, c’est plus une sorte de talisman qui me rappelle mon objectif. Un objet sans utilité.

Il avait prononcé ces mots sans conviction, reposant le pendentif contre sa peau, espérant que Mélicendre changerait de sujet.

— J’ai rêvé de toi, l’autre nuit, lâcha-t-il précipitamment, espérant que ce serait suffisant pour détourner son attention.

Elle avait été silencieuse et attentive pendant son explication très évasive, trop à son goût, mais elle ne s’attarda pas sur le sujet. Elle avait compris et cela lui suffisait. De plus, elle ne désirait absolument pas gâcher ce moment. Elle se rapprocha un peu plus, glissant sa jambe au-dessus des siennes, collant sa peau contre lui. Elle le regarda intriguer, ne sachant pas très bien si c’était une bonne ou une mauvaise information ; elle connaissait le pouvoir des rêves, leurs puissances, elle espérait qu’il ne lui demande pas de l’interpréter, mais souhaitait en savoir plus,

— Hum… Ah oui ? J’espère que c’était une douce vision de moi ? Étais-je dans cette même tenue ? Même… Position ou peut-être, dénué du moindre petit morceau de tissu ? - Elle avait pris un ton charmeur, prononçant ces mots avec une pointe de malice.

Il était ravi qu’elle ait compris si vite où il souhaitait en venir. En sentant la jambe de la divinatrice se coller contre lui, une étincelle se remit à briller dans son regard. Il baissa les yeux vers elle, esquissant un sourire empli de sous-entendus. Les mille pensées qui occupaient son esprit en permanence se dissipèrent pour laisser place au feu ardent qui lui dévorait les entrailles.


— Eh bien… commença-t-il.

Il attrapa la sorcière par les hanches pour l’aider à grimper un peu plus sur lui.

— Tu étais plus… comme ceci. Mais c’était moi qui portais moins de vêtements. Tu te penchais à mon oreille et tu me murmurais de bien sombres paroles… Je ne suis pas sûr qu’il s’agissait vraiment d'un rêve plaisant. Mais nous pourrions changer cela, qu’en penses-tu ?

Elle plonge son regard dans le sien en plissant les yeux, un frisson parcourut son corps quand les mains de l’Altmer se posèrent sur sa peau,

— Je pense que jamais rien n’est figé dans le marbre et que tout est possible… Es-tu sûr que je “murmurais” ? ...hum. Je pense plutôt que je faisais ceci.


Elle passa sensuellement sa langue sur le bord de ses lèvres se penchant vers lui, s’arrêtant un instant proche de son visage, affichant un sourire en coin qui creusait ses fossettes, avant de continuer sa course jusqu'à sa nuque. Elle pouvait ressentir les courbes d’Aesril sous le poids de son corps, son souffle s’accélère quand elle dépose de langoureux baisers dans sa nuque, remontant quelque instant sur son lobe jouant habilement de sa langue. Elle se stoppe un instant restant à sa place le souffle court, pose une main délicate sur son torse et lui chuchota sensuellement.

— Tu vois… tu as dû te tromper, ce ne sont pas de sombres murmures...

— En effet… souffla-t-il. Ma mémoire me joue des tours. Je devais vraiment avoir besoin de me reposer… Je ne vois pas comment j’aurais pu oublier une telle chose.


Il oublia alors la peur, la colère, et la nervosité des derniers mois. Il oublia la fatigue et il oublia l’inquiétude. Il ferma les yeux, frissonnant sous la chaleur de ce contact. Sa respiration se fit plus intense. Non, en ce moment, rien n’avait d’importance. Elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait de lui et jouer au jeu dans lequel elle avait cherché à l’entraîner depuis le début. Rien qu’en cet instant.
L’Oblivion” songea-t-il.


Le monde se renversa dans son esprit. Il rouvrit un regard avide vers la divinatrice, faisant courir ses mains sur le flot de ses courbes. Il posa une main dans la nuque de la sorcière pour l’attirer un peu plus contre lui, lui embrassant et lui mordillant le cou. La peau sous ses doigts avait la douceur d’un pétale de rose et tandis qu’ils glissaient le long de son dos cambré. Il sentit la magie enivrante, euphorique, électrisante qui circulait en elle et se concentra un peu plus pour ressentir ce flux, faisant lui-même pulser sa propre énergie vers elle. Une pointe d’arrogance refit surface.

— Je suis sûr qu’aucun de tes clients ne t’a déjà fait ressentir cela, n’est-ce pas ?

Peu lui importait la réponse à vrai dire. Son regard était désormais si intense qu’il en était presque cruel, féroce. Le sentiment de puissance qu’il l’envahissait en ce moment faisait battre son cœur à toute allure. Oh oui, il lui était plaisant en ce moment, de ne plus être le valeureux Valriel.

Elle tremblait de désirs quand les paroles d’Aesril déclenche chez elle un léger mouvement de recul, tss, elle leva les yeux au ciel en souriant bien-sûr elle se doute qu’il n’attend probablement pas de réponse, mais il avait légèrement piqué son égo, elle hésite… un instant elle redresse la tête, Elia, Non… Elle se souvient des paroles qu’Aleck lui avait dites lors de leur dernière rencontre… sur les sentiments des autres. Elle se rabat vers quelque chose de plus amusant. Elle se mord la lèvre et presse un peu plus son corps contre le sien, avant de se pencher vers lui amplifiant sa cambrure et s’approche de sa nuque embrassant de tout petits baisers remontant sur son lobe, sa joue, jusqu'à ses lèvres lentement avant de l’embrasser plus fougueusement. Elle concentre son énergie sur une sensation, un désir brûlant, ardent, cette pensée se veut être intense et vive, puissante suggestion, elle voulait lui montrer qu’elle aussi pouvait lui apprendre certaines choses.

— Hm… Tu parles trop. Concentre-toi. S’exclama la divinatrice sensuellement.

Il gémit gravement sous les baisers passionnés de la sorcière et les lui rendit avec tout autant de désir, mais il se sentit submergé de sensations en un instant, tandis qu’elle projetait en lui cette saisissante vision. Ses désirs étaient les siens, ses sens lui appartenaient. Il en suffoquait presque tant c’en était intense et réel, écarquillant les yeux, fixant le plafond, incapable d’entreprendre le moindre mouvement.

Elle avait raison. Il parlait trop. Pour une fois, les mots ne lui seraient d’aucune utilité.
Il avait l’impression que ce que lui avait fait Mélicendre avait achevé d’ôter les dernières barrières l’empêchant de complètement lâcher prise. Déjà, ce bout de tissu l’insupportait au plus au point. Il abandonna ses gestes habituellement mesurés pour lui ôter sa chemise sans ménagement, la repoussant légèrement en arrière pour lui laisser une plus grande liberté de mouvement, sans s’arrêter pour autant de la couvrir de caresses et de baisers, ses mains cherchant à se glisser sous le textile, tandis qu’il cherchait à tâton comment déboutonner la chemise, frénétiquement, tant l’empressement devenait grand.

Elle jubilait sa “petite suggestion” avait eu l’effet escompté, sa peau était brûlante, son souffle s’accélérait sous l’empressement des gestes d’Aesril. Elle le désirait fougueusement, si elle prenait un instant pour y réfléchir cela avait toujours été le cas, mais cette fois elle n’avait pas eu besoin de feindre, pas eu besoin d’artifice, où de jouer un rôle. Elle ressentait cette envie, son envie qui l’envahissait. Elle soupirait profondément, se laissant dévêtir sans la moindre gêne, délaçant les liens de son pourpoint... Long trop long, elle blêmit et ajoute un peu plus de force, à ce moment, si elle aurait eut le pouvoir de faire disparaître ce sac de nœud, elle n’aurait pas hésité. Elle tente de se concentrer, difficilement sous les caresses et les baisers d’Aesril, avant d’enfin découvrir sa peau dorée, faisant courir ses doigts sur son torse nu.


— Hum… C’était donc cela que tu cachais sous cette épaisse couche de tissus…

Elle se recula se détachant de l’étreinte brûlante d’Aesril, embrassant le bas de son ventre remontant le long de ses côtes pour l’embrasser à nouveau. Il perdit la tête lorsque ses baisers atteignirent son bas-ventre. Lorsqu’il fut parvenu à délester Mélicendre de sa chemise, il s’empressa de l’aider pour terminer d’ôter son pourpoint, dévoilant des cicatrices marquant ses épaules, son ventre, son dos, certaines plus anciennes que d’autres. Il entendait sa voix sensuelle, mais il était si investi dans les sensations qu’il vivait qu’il ne parvint pas à trouver quoi que ce soit de spirituel à répondre. Chaque caresse, chaque baiser, lui apparaissait comme une sensation nouvelle depuis tout ce temps sans le moindre contact.



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Il lui offrit un baiser passionné, caressant ses lèvres de sa langue avant de la repousser gentiment en arrière, la prenant à nouveau par les hanches, pour mieux la contempler. Il n’avait jamais vraiment pris le temps de la regarder. Bien sûr, elle était belle, c’était un fait, les hommes et les femmes venaient la voir pour cela, outre ses talents magiques. Mais aujourd’hui, il la voyait vraiment. Il admira la splendeur cascadante de ses cheveux plus noirs que les plumes d’un corbeau, le magnifique contraste pictural de ses yeux au bleu électrisant et de sa peau d’albâtre. Il s’attarda sur chaque proportion parfaite de son visage, de ses lèvres pleines et voluptueuses, de la courbe douce de sa mâchoire, descendit son regard sur la finesse de ses épaules, sur le galbe délicat de ses seins ornés de deux boutons de rose qui semblaient inviter ses lèvres, pour s’arrêter sur son ventre où la peau se tendait, svelte et ferme. Il savait qu’il était idiot de lui dire les mots que tant d’autres avant lui avaient déjà prononcés, mais il lâcha malgré tout, à mi-voix :

— Tu es belle, Mélicendre.

Elle se figea, se laissant délicatement déplacé par Aesril, sans trop comprendre, pourquoi il avait stoppé ses caresses, pour la regarder, pour l’observer, elle se sentait soudainement comme un petit animal, cette situation lui était inconnu, jamais un homme ou une femme n’avait pris le temps de simplement la détaillée, pas de cette façon, pas avec ce regard, il lui paraissait sincère. Elle rougit… se sentit soudainement mal à l’aise, ce qui ne lui arrivait JAMAIS, elle baissa les yeux tentant discrètement de se cacher sous sa chevelure noire et frissonna, ne sachant quoi répondre, elle se tut, elle perdait le contrôle, la situation ne lui déplaisait pas, bien au contraire, cependant elle ne savait pas vraiment comment réagir, ses pensées allant à vives allures. Elle tenta de reprendre contenance en détachant son ceinturon, précipitant ses gestes.

Il haussa les sourcils, interloqué, en la voyant réagir ainsi. Depuis le temps, il savait que sa façon de parler, entière et sans détours pouvait parfois s’avérer brutale, surtout lorsqu’il s’agissait de critiques. Mais il n’avait pas imaginé que les compliments puissent aussi mettre quelqu’un mal-à-l’aise à ce point et surtout pas quelqu’un comme Mélicendre. Éprouvait-elle… des émotions ? Cela le plongea dans la perplexité. Il connaissait son désir, mais du reste, il la croyait indifférente. Lorsqu’elle approcha nerveusement ses doigts pour tenter de défaire son ceinturon, il attrapa doucement son menton pour l’inciter à relever les yeux vers lui. Il lui offrit à nouveau un regard plus malicieux.

— Allons, je savais que j’avais un corps époustouflant, mais je ne m’imaginais pas te faire rougir !

Incapable de conserver son sérieux, il éclata d’un rire franc.
Elle le regarda dans les yeux, se mordant la lèvre, essayant de jouer la comédie, se replaçant dans cet univers qu’elle connaît, dans lequel elle n’est pas… vulnérable.

— Hum… Et bien, il faut croire qu’il y a un début à tout. Reprenant son air vicieux

Elle était désireuse de ce moment, elle en avait envie, mais Aesril avait décidément un problème avec les compliments, seulement, cette fois-ci il avait réussi à toucher quelque chose en elle, il l’avait surprise, poussée dans une situation qu’elle ne connaissait pas.
Il sentit bien la gêne soudaine de la divinatrice et il estima que le temps n’était plus à jouer un rôle.

— Shh, tu as oublié ? Il ne faut pas parler…

Il déposa un baiser sur ses lèvres pour apaiser ses tourments, posant sa main dans son dos pour la pousser à se rapprocher à nouveau de lui. Il se pencha vers son oreille et murmura doucement :

— Je ne suis pas un de tes clients et tu n’es obligée de rien. Profitons juste de cette matinée, tu ne crois pas ?


Mélicendre ferme ses yeux, bercée par le baiser d’Aesril, se laissant porter et revenir vers lui. Sa peau se met à réagir à nouveau au contact de ses mains, elle frissonne et se détend de nouveau. Elle tourne son visage vers lui, glissant ses yeux dans les siens, en murmurant à son tour.

— Je le sais, je ne le fais pas parce que je suis obligée… Juste par envie Aesril.

Elle l’embrasse fougueusement, déposant ses mains dans sa nuque, elle brûle de désirs au contact de sa peau, son cœur palpite, sa respiration s’accélère. Elle reprend ce qu’elle avait commencé cette fois-ci plus sûre d'elle. Sans hésiter, elle délaça le ceinturon d’Aesril avec vigueur. Peu importait ce compliment qui l’avait prise de court, peu importait tout le reste, elle le désirait simplement.

Aesril eut un léger sursaut de surprise en sentant Mélicendre défaire avec tant d’empressement et d’assurance la boucle de son ceinturon. Il se délecta de la fougue dont elle faisait à nouveau preuve, ravi d’avoir réussi à briser la solennité que son compliment avait suscité. Des vagues de chaleur puissantes vibraient sous son corps, et il se pressa un peu plus contre elle, laissant les doigts habiles de la divinatrice se glisser sous l’enchevêtrement de tissus et de cuir qui l’habillait, tandis qu’il promena ses mains sur son corps, partant de ses hanches, passant ses pouces sur le bas de son ventre, remontant doucement le long de son abdomen, cherchant la courbe de ses seins tendus de désir, attendant ses mains. Il les pressa doucement contre sa paume, cherchant à absorber chaque sensation, sentant le cœur de la sorcière battant à toute allure sous sa peau, percevant la magie qui vivait en elle avec force. L’euphorie le gagna, il décida de ne plus interrompre l’instant, et il en oublia l’usage de la parole. Il referma sa prise plus farouchement et fondit vers la nuque de Mélicendre pour y darder une quantité de baisers passionnés. Sans s’en rendre compte, il envoya valser au sol le plateau resté sur le lit, faisant dévaler les fruits et les brioches dans un éclat métallique dont il se moquait éperdument.

Mélicendre gémissait de plaisir sous ses baisers passionnés, elle active ses caresses quand elle sent la virilité de l’Altmer se dresser, son corps se tend et se balance de façon spontanée, répondant instantanément aux pressions de ses mains agiles. Comme si cet instant pouvait s’arrêter à tout moments, elle finit de retirer les vêtements d’Aesril en les jetant sur le sol, se replaçant une jambe de part et d’autre de son bassin, reprenant ses caresses en partant du haut de sa nuque jusqu’au creux de ses reins, son autre main se pose tendrement dans le bas de sa nuque jouant avec ses cheveux blonds. Ses baisers sont fougueux, ardents, elle laisse glisser de gourmandise sa langue au contact de ses lèvres. Elle sent la magie d’Aesril comme un tourbillon dévorant, puissant. La sienne réagit et résonne comme si elle répondait, comme deux musiciens qui jouent à l’unisson. Elle grimace de plaisir quand ses mains parcourent son corps et elle se mord la lèvre quand elles glissent doucement sur sa poitrine, freine son plaisir ralentit sa course quelque instant pour profiter de cet instant à son tour, elle se redresse gardant une courbe sensuelle, pour observer Aesril, ses lèvres avaient rosi et gonflé sous la fougue de ses baisers, sa peau dorée faisait ressortir sur son corps certaines cicatrices. Joueuse, elle le regarde vicieusement, plongeant ses yeux profondément dans les siens, se laissant le temps de reprendre son souffle, en baladant le bout de ses ongles à la naissance de ses reins.

Il lui rendit son regard avec convoitise, s'enorgueillissant que ses caresses semblent lui plaire. “Je ne suis peut-être pas complètement rouillé, depuis le temps…”. C’est alors qu’une envie folle lui prit. Il profita que son attention soit focalisée sur son regard pour la surprendre. Bien plus grand qu’elle, il lui fut facile de la faire basculer sur le côté, la soulevant aussi aisément qu’une plume pour se retrouver au-dessus d’elle. Il dit à mi-voix :

— As-tu envie de t’amuser un peu ?

Mélicendre s’était laissée faire, se délectant de la situation. Un jeu, elle sentait qu’Aesril voulait prendre le contrôle, dans un soupir sybarite, elle lui susurre :

— As-tu oublié à qui tu parles ? Bien-sûr que je veux m’amuser …

Un sourire avide s’étira sur son visage et fit remonter ses pommettes tandis qu’il glissait sa main vers l’intérieur des jambes de la sorcière. Il ferma les yeux un instant pour mieux se concentrer sur ce qu’il ressentait. Le désir, l’adrénaline, il s’efforça de les visualiser et de concentrer cette force de vie au bout de ses doigts.

— Ne prends pas peur, surtout… souffla-t-il, se voulant soudain rassurant, quelque peu inquiet à l’idée qu’elle s’imagine qu’il était sur le point de lancer un sortilège néfaste.

— Après tout, le peu qu’elle avait pu apercevoir de ses pouvoirs n’était pas très réjouissant…

— Je n’ai pas peur de toi Aesril.

Sa voix était douce et sereine, aujourd’hui elle avait confiance en lui, elle n’avait aucune peine à croire qu’il ne lui ferait rien de mal, surtout pas en cet instant.
Il acquiesça, l’air soudain très sérieux, et fit poursuivre à ses doigts leur course le long des jambes de la jeune femme, ralentissant progressivement son mouvement pour, très précautionneusement plonger son index dans les chairs tendres de la divinatrice et projeter un sort de soin, irradiant son corps de magie pure, caressant d’une vague d’énergie chaque milimètre de ses organes. Elle gémit de plaisir sentant en elle la magie de l’Altmer qui se propage, elle presse un peu plus ses mains sur son dos et lacère de ses ongles sa chair se mordant les lèvres, retenant son souffle. Elle se laisse totalement aller, s’offrant à lui entièrement. À son tour, et sans se rendre compte sa magie se met à virevolter en elle, pour s’évader par les pores de sa peau brûlante, entrant en contact avec Aesril. Une sensation de picotements agréable se joint à l’étreinte, un léger courant électrique passe de l’un à l'autre. Mélicendre passe ses mains caressant la naissance de son dos pour s’y cramponner vigoureusement, avant de descendre pour effleurer sa virilité. Il frémit en sentant le contact de la sorcière, électrifié par la sensation des griffures dans son dos, de sa magie, intensifiant son mouvement, passant sa langue sur sa nuque, remontant jusqu’à son oreille.

— Ne t’arrête pas… murmura-t-il, suspendu à ses caresses, ne voulant pas admettre à quel point il serait perdu si elle venait à s’interrompre, à quel point c’était lui qui était complètement à sa merci.
— Shhhut… tais-toi. Ordonna-t-elle dans un profond soupir.

Elle tourne son visage face à lui et passe sa langue sur sa lèvre avant de la mordiller et de l’embrasser d’excitation, ses caresses s’activent un peu plus. Son corps réagit à chacun de ses mouvements, sa “tour Direnni” appelle ses mains au contact de sa peau, elle la frôle, l’effleure, elle exulte de le faire languir et patiente, fait durer ce moment de plaisir, de caresse et d’excitation. Chacun des muscles du Mer se tend sous les caresses, sous ses paupières frémissent mille lueurs. Aesril gémit, halète, maudissant intérieurement la sorcière de le faire attendre ainsi. Il veut la punir de son comportement, mordant la chair de sa nuque, pressant un doigt supplémentaire en elle, un éclat féroce dans le regard.

— Ne te joue pas de moi, joli Serpent, lâcha-t-il d’une voix rendue rauque par le manque d’air.
— Hm… Il me semble pourtant, que c’est toi qui à lancer ce jeu, peut-être que l’adversaire est de taille. Dans un murmure, rendu flou par l’excitation en reprenant son souffle dans la nuque de l’Altmer.



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Il fronça les sourcils, soulignant sa ride du lion, plissant la peau de son nez. Ah, elle voulait jouer ? Il allait lui faire passer l’envie de le faire languir. De sa main libre, il se cramponna à la gorge de la divinatrice, pressant doucement, refermant peu à peu son étreinte, glissant un doigt sur ses lèvres, poursuivant ses caresses de son autre main, cette fois-ci sans plus la ménager, intensifiant ses gestes. Il plongea un regard fauve dans le sien.

— Tu as toujours envie de jouer ? - s’enquit-il avec hargne, dans un souffle.

Elle ferma les yeux gémissant sous les gestes maîtrisés d’Aesril, elle plongea à son tour ses yeux azur dans les siens, se mordant la lèvre de retenue. Elle exaltait, voyant son ardeur amplifiée. Elle le désirait ardemment, jouant de sa langue sur son lobe embrassant sa nuque, avant de jouer la provocation,

— Oui, si tu n'as pas peur de perdre. murmura-t-elle dans un sourire obscène.
— Perdre ? Mélicendre, j’ai déjà gagné… dit-il avec un sourire carnassier, pressant son ventre contre le sien.
— En es- tu sûr ? Arrête de parler et joue. Dans un sourire provocateur, elle gémissait sous la pression de son corps.

Mais Aesril n’avait plus envie de jouer. Son désir battait contre ses tempes plus fort qu’un tambour de guerre et son ardeur était telle que c’en était presque douloureux. Il voulait que ce soit elle qui agisse et lui montre son désir, il aspirait à l’y contraindre si c’était nécessaire. Il resserra sa prise, fit pulser sa magie avec un peu plus de force.

— Cesse d’agir comme si cela ne te faisait rien. Je sais que tu le veux tout autant que moi, argua-t-il, farouche. Tu crieras mon nom s’il le faut.

Il détestait sentir que le contrôle lui échappait. Mélicendre sentait la pression sur sa gorge, elle sourit profondément, sa provocation avait eu l’effet attendu, et prend le Mer par surprise en glissant sa jambe pour se balancer sur le côté et changer la donne, farouche, au-dessus de lui, elle condense ses caresses sur sa virilité, en gémissant, elle effleurait sa peau des courbes de son corps, se rapprochant de son visage sensuellement, ardente et fougueuse.

— Je te désire ardemment Aesril. En gémissant dans un souffle chaud.

Il écarquilla les yeux en la voyant tenter de prendre le contrôle de la situation et la laissa basculer sur lui. Il laissa échapper des soupirs de plaisir en sentant le délice du contact des mains de Mélicendre le long de sa virilité qui se gonfla entre elles. Il desserra son étreinte pour mieux la laisser respirer, prenant son visage dans sa main, caressant les lèvres de la divinatrice du bout du pouce. Il se sentait incapable de résister aux assauts de la sorcière, à présent. C’était une bataille et elle avait gagné. Mais il refusait toujours de l’admettre. Il avait l’impression de devenir fou. Il l’empoigna d’une main ferme à la naissance des cuisses, profitant du galbe généreux et la ramena à lui.

— Je suis à toi, Mélicendre, cesse de jouer avec moi, s’il te plaît… la pressa-t-il.


Dernière édition par Général Patafouin le Dim 12 Déc - 19:20, édité 2 fois
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Le Mage & le Serpent Empty Re: Le Mage & le Serpent

Mar 7 Déc - 0:56
Elle lui sourit vicieusement, son regard s'assombrit de plaisir. Elle savait qu’elle avait gagné, elle jubilait, l’excitation était incontrôlable, le désir emplissait tout son être, sa peau brillait, appelant les caresses de l’Altmer. Elle l’observe aux abois ; pour elle aussi c’était un supplice qui n’avait que trop duré. Elle dépose un baiser sensuel et doux sur ses lèvres, continuant d’employer ses mains, vigoureusement. Leurs magies s’appellent, s’attirent, elle laisse sa virilité pénétrer ses chairs, se mouvant sensuellement, lâchant des râles de plaisirs, fermant les yeux pour se délecter de chaque sensation.

L’extase le gagna tandis qu’il sentait cette chaleur brûlante qui l’enveloppait et se resserrait autour de lui. Il fit rouler ses phalanges le long du corps de la sorcière, caressant la peau rendue humide par l’intensité des sensations. Il abandonna tout contrôle sur sa magie et la laissa l’emplir et se mêler à la sienne. Il voyait les fils de lumière danser à toute vitesse comme un tourbillon étourdissant. C’était un spectacle magnifique. Il savait qu’il s’agissait là d’un de ces rares instants de grâce. Il ne craignait plus la mort. Il ne craignait plus rien. Il ne voulait pas que cela cesse, que cela s’évanouisse. Alors, il enlaça fermement le corps de la divinatrice de ses bras, verrouilla ses jambes autour d’elle et scella ses lèvres aux siennes en un baiser fiévreux avant d’intensifier les mouvements de son bassin de façon frénétique, se nourrissant des soupirs que cela arrachait à Mélicendre. Il s’accrochait à la vie avec tellement de force que cela ressemblait à de la rage.

Mélicendre gémit plus fort en ressentant l’étreinte d’Aesril se resserrer sur son corps, elle ne souhaiterait pour rien au monde que ce moment s’arrête. Si elle devait fouiller sa mémoire pour se souvenir de la dernière fois qu’elle s’était abandonnée de cette façon, cela la plongerait dans un moment très lointain. Sa magie se joint à la sienne étincelante, électrique, elles se mêlent et s’entremêlent dans une harmonie de lumière. Mélicendre se laisse aller complètement et ressent chaque sensation intensément, profondément, son corps répond au sien dans chacun de ses mouvements. Elle fond sous ses baisers, et se tend sous ses caresses, elle perd pied, sa magie exalte, s’agite, prend possession d’Aesril.


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Des images se mêlent dans la tête de l’un et l’autre, défilant à toute allure. Il voit et ressent, les souvenirs d’enfance de Mélicendre, les clans, les repas au coin du feu, il entend les chants et les notes des luths, les rires, la joie de Mélicendre entourée et sa famille la peur d’être seule, il voit sa souffrance et sa peine a chaque fois qu’elle échoue, à chaque fois que ses sentiments prennent trop de place, le regard inquiet de sa mère, le regard de Magdalena sur elle, voulant sa réussite a tous prix, toutes ses manigances. Il voit les visions douloureuses, il ressent son fardeau. Il voit le sourire de Mélicendre quand, adolescente elle se plonge dans les livres de botanique parcourant les bois, gribouillant des croquis hasardeux de plantes qu’elle ne connaissait pas, son regard sur le monde émerveiller. Sa rage le jour de la mort de sa grand-mère qu’elle avait vue plusieurs années auparavant, il voit ses longues heures d’apprentissages parcourant attentivement des grimoires ancestraux, s'entraînant avec sa mère pendant des heures. Pour finir il vit et ressentit son état d’esprit le jour où elle prit la décision que c’en était trop, il la vit se tordre de douleur, seule, hurler à pleins poumons, la colère, la tristesse, l’angoisse, la peur et pour finir l’amour, la voix d’Aeva dans le lointain “Les divinatrices sont maudite Mélicendre, elles ne connaissent pas l’amour” puis le transfert de ses sentiments, dans une douleur incommensurable.

Sous les paupières de Mélicendre défilèrent alors mille images teintées d’or. Elle put voir à nouveau le visage sévère du père d’Aesril, elle entendit les brimades et les railleries d’autres enfants à son égard. Elle ressentait sa peur, étant enfant, chaque fois qu’il fermait les yeux et craignait que la mort ne le rattrape, elle ressentait ses angoisses et toutes les fois où la crainte de son père le tétanisait tant qu’il ne parvenait plus à respirer. Elle vit le visage d’Aesril, jeune homme, face à un miroir, admirant fièrement la cicatrice sur son visage, tandis qu’il réparait les chairs de sa peau d’un sort. Elle le vit, adolescent, roué de coups par des camarades, puis répliquant avec force et hargne. Elle vit une lame posée contre le visage de l’elfe, tenue par un Bréton aux yeux fous, tandis que d’autres lui crachaient dessus avant qu’il ne les envoie valser d’un sort. Et elle vit alors, sur un îlot de douceur, le visage de sa mère qui lui chantait des chansons pour l’endormir. Elle vit la magie de la femme et elle vit Aesril découvrir ses propres pouvoirs et s’émerveiller. “Qu’est-ce qui ne va pas chez moi, Mère ?” demandait l’enfant, d’une voix sans timbre. Elle le vit, passionné, dessinant sur du parchemin, les visages et les paysages qu’il affectionnait. Elle vit à nouveau sa rage lorsque son père le condamna à l’exil et lui annonçait sa décision de lui ôter ses pouvoirs. Elle vit les larmes sur ses mains. Et le feu. Et la solitude. Et la violence. Et les images défilaient belles et terrifiantes, parfois nettes et parfois floues. Et les visions les ramenèrent en cet instant où Aesril se raccrochait à elle désespérément, de peur de tout perdre. De peur de regarder ses faiblesses.

Il plongea des yeux ébahis dans ceux de la divinatrice, n’y comprenant plus rien. Les souvenirs de la femme se mêlaient aux siens et il ressentait ses émotions comme si elles lui avaient appartenu. Bouleversé, son trouble s’accentuait à mesure qu’il sentait le plaisir monter un peu plus en lui et chaque mouvement lui donnait l’impression de voir et de sentir avec un peu plus de netteté ce qu’elle avait vécu. Le paradoxe et le contraste des sensations le déconcertèrent profondément. Il ne pouvait s’empêcher d’être touché par ce qu’il vivait.



Le Mage & le Serpent Af207710

Mélicendre ouvre les yeux, bouleversée et les images s'arrêtèrent. Son regard se plongea dans celui d’Aesril. Sa magie s’estompa, redevint calme. Les souvenirs, les images qu'elle avait vues ne la perturbent pas, elle avait l’habitude, en revanche elle avait eu l’impression l’espace d’un instant de toucher des émotions qu’elle avait perdu depuis plusieurs années maintenant. Elle se figea apeurée, déglutissant reprenant son souffle peu à peu, réalisant que lui aussi avait pu voir, ressentir comme elle avait pu le faire. Les battements de son cœur tambourinaient dans sa poitrine en s’accélérant. Elle était perdue, entre la peur, le désir et la passion. Elle avait perdu le contrôle et se sentit revenue dans le passé. Tous ses souvenirs avait fait remonter une sensation étrange, de la douleur ? Impossible. Les questions tournaient dans son esprit. Elle réalise soudainement sa position de faiblesse, et se glisse sur le côté du lit voulant échapper au regard abasourdi d’Aesril. Ce moment avait été si ardent, intense, elle avait ressenti un mélange de petites bribes d’émotions, celles d’Aesril, mais c’était… Si puissant, si réel… Elle s’assoit sur le bord du lit, tremblante.

— Je… je ne comprends pas, je suis désolée, dit-elle d’une voix vacillante, sous le choc.


Lorsqu’elle s’arracha à son étreinte, il était trop stupéfait pour tenter de la retenir. Il ne put qu’assister, impuissant, à l’extinction de leur extase, la fin de cet instant. La chaleur de la divinatrice le quitta subitement, mais il pouvait encore ressentir la splendeur des plaisirs qui avaient parcouru son corps.
Il se laissa retomber en arrière, sur ses coudes tremblant de tous ses membres, transpirant, haletant, passant une main fébrile dans ses cheveux pour les écarter de son visage. Tant d’émotions le parcouraient, il ne savait plus où il en était ni ce qui lui appartenait.


— Que… Que s’est-il passé ? Que nous as-tu fait ? se hasarda-t-il à demander, la voix enrouée, tentant de retrouver son souffle.



Les pensées revinrent alors le heurter de plein fouet.
Avait-elle fait exprès ? Non… Elle semblait tout aussi désarçonnée que lui. Mais elle pourrait mentir, faire semblant… Non, pas en cet instant, ça n’aurait vraiment aucun sens. Non, elle s’était vraiment donnée à lui, pleinement. Elle lui avait fait confiance et lui-même s’était abandonné, entièrement, comme il l’avait rarement fait. Mais dans ce cas, pourquoi avait-il vu toutes ces images ? Avait-elle elle aussi vu ce qu’il redoutait qu’elle ait vu ?
Un malaise profond s’empara de lui. Il ne voulait plus réfléchir, il voulait revenir en arrière, avant que tout ceci n’arrive. Il voulait simplement être en elle, sans avoir à vivre ces émotions contradictoires. Mais c’était impossible, bien sûr.

Il se laissa retomber un peu plus sur le lit et fixa le plafond un moment, avant de risquer un regard vers Mélicendre. Elle semblait si vulnérable… Un aspect qu’il n’avait encore jamais vu chez elle.

Mélicendre regardait le sol, ses longs cheveux noirs tombaient sur son visage couvrant ses épaules, ses yeux allaient de droite à gauche, son visage était devenu soudainement froid, et sans expression. Elle cherchait à comprendre, remettre ses idées en place. C’était impossible qu’elle ait pu ressentir les émotions d’Aesril, mais pourtant, le rituel avait-il été rompu ? Non, cela n’avait aucun sens. La voix de l’Altmer la sortit alors de sa réflexion. Elle se tourna vers lui en croisant les bras sur sa poitrine.

— Je n’en ai aucune idée. Je crois que… nous avons partagé plus que… Enfin nous avons vu les souvenirs de l’un et l’autre. Elle marque une pause, se souvenant soudainement qu’il avait ressenti sa douleur, comme elle avait ressenti la sienne et prit sa main. Est-ce que… ça va ? Je suis désolée, Aesril.

Il avait beau savoir que Mélicendre n’avait pas cherché ce qu’il s’était produit, il se sentait, dupé, floué. Cela ne faisait pas partie de ce qu’il avait voulu lui offrir. Il se sentit idiot, ayant le sentiment d’avoir fait une erreur. Lorsqu’elle eut un geste de tendresse vers lui, attrapant sa main avec douceur, il comprit qu’une autre barrière était sur le point d’être franchie. Il retira sa main, vivement, comme brûlé par ce contact. “De la pitié ? Non, elle ne ressent rien. Elle fait semblant d’être émue.” Son regard se ferma, sa mâchoire se verrouilla. Il se sentait plus nu qu’il ne l’avait jamais été et peinait pour retrouver contenance, ne sachant plus à quoi se raccrocher pour retrouver son assurance. Il ne voulait pas lui-même admettre qu’il ressentait de la compassion à son égard.

— Ne me touche pas, lâcha-t-il sèchement.

Il avait soudainement l’impression que la pièce était petite étriquée. L’odeur de l’encens en devenait étouffant, écoeurant. Il avait besoin d’air. Il se releva, attrapant ses vêtements et entreprit de se rhabiller, précipitamment. La tête lui tournait désagréablement, incapable de remettre de l’ordre dans son esprit.

Elle se ferma, comme une coquille et reposa sa main sur sa cuisse avant de se lever pour le laisser passer. Elle attrapa un peignoir satiné blanc qu’elle enfile rapidement croisant les bras, regardant Aesril agir, avec incompréhension. Tout reprit soudainement sa place dans sa tête. Elle avait l’habitude d’être traitée de la sorte, l’habitude qu’une nuit torride se finisse par un au revoir glacial. Mais l’Amertume d’Aesril l’avait effleurée, elle ne l’aurait pas imaginé, ses pensées allaient à toute vitesse, plusieurs fois, il lui avait rappelé que ses talents lui étaient utiles, alors c’était cela. Elle lui était utile. Qu’aurait-elle pu lui dire ? Que ce moment lui avait procuré de telles sensations qu’elle en avait perdu le contrôle de ses dons ? Quelle était sincèrement perturbée elle aussi ? Non, il n’était pas en état de l’entendre. Et après ? Ils se seraient assis tous les deux se racontant leur passé, leurs blessures, leurs failles… Ils n’étaient pas comme ça. Elle se rapprocha de la cave à vin et servit une coupe, tournant le dos à Aesril.

— Tu. Tu devrais partir. Sa voix était sèche et monocorde, elle but sa coupe d’une traite. Ne désirant pas voir l’expression sur le visage de l’Altmer.


La gorge de l’Altmer se serra face au comportement de la divinatrice. Après s’être retrouvé si proche d’elle, après avoir partagé une telle intimité, le gouffre qui les séparait désormais lui donnait le sentiment de faire une chute vertigineuse. Il acquiesça silencieusement, ajustant négligemment les boutonnières de son pourpoint, attrapant d’un geste vif son bâton que Mélicendre avait soigneusement déposé de côté. “En effet, je ferais sûrement mieux de partir...”, songea-t-il avec amertume. Il se dirigea vers la porte, sans regarder en arrière, quand il arrêta son geste. Il réalisa soudain. Jamais Mélicendre ne lui avait demandé de partir auparavant. C’était toujours lui qui avait pris congé. Les pensées s’entrechoquèrent à nouveau dans son esprit. Il fit volte-face, la regarda. Son comportement n’était pas habituel. Elle ne jouait plus. Se pourrait-il qu’elle soit… blessée ? Véritablement émue ? Cette pensée le glaça. Malgré tout, il voulut en avoir le cœur net.

— Mélicendre… appela-t-il, plus doucement.
— Quoi ? As-tu besoin d’un autre de mes services ou talents ? Aesril. Répondit-elle avec amertume, toujours dos à l’Altmer, croisant les bras sur sa poitrine sa coupe à la main.

Il entrouvrit la bouche pour répondre, s’arrêta. Elle venait de lui répondre avec froideur. Elle réagissait exactement comme lui. Il l’avait heurtée. Elle se protégeait de lui. Son cœur se mit à nouveau à s’affoler dans sa cage thoracique. Il sentait le malaise s’accentuer en lui. Il aurait pu chercher à l’apaiser, à comprendre ce qui la mettait dans cet état. Il aurait aimé retrouver cette proximité qu’ils avaient à peine quelques minutes auparavant. Mais cela aurait signifié qu’il acceptait se soucier d’elle. Et comme il sentait à nouveau que les choses lui échappaient, il se referma un peu plus. Il rabattit son regard sur la poignée qu’il tenait entre sa main.

— Non, répondit-il simplement, d’une voix qui ressemblait plus à un râle étranglé.

Mélicendre se dirigea vivement vers la poignée, fuyant Aesril du regard, elle posa sa main sur la sienne pour ouvrir la porte.

— Alors, bonne journée. Appuya-t-elle d’une voix brouillée. Et… Ne t’inquiète pas. Je respecte ma parole, je veille sur toi.

Ce qu’elle lui demandait était tout ce qu’il y avait de plus logique et raisonnable pour une fois. Elle ne cherchait pas à l’attirer dans le vice, simplement à mettre fin à cet instant qui n’avait que trop duré. C’est pourquoi il ne parvenait pas à comprendre pourquoi il avait l’impression de perdre quelque chose. Il pinça les lèvres, se frottant les paupières du bout des doigts, fébrile. Et comme rester près d’elle lui était étourdissant, et son parfum entêtant, il sortit sans dire le moindre mot, se soustrayant sans brusquerie au contact de sa main, pressé de mettre de la distance avec toutes ces émotions qu’il ne comprenait pas.


Elle claque violemment la porte derrière lui, appuyant son dos contre la chaleur du bois. Une sensation d’humidité glissant le long de sa joue l’interpelle, du bout des doigts, elle touche son visage, pour découvrir que des perles s’écoulaient de ses yeux. Impossible, se dit-elle, effrayée. Elle tient fermement dans sa main la coupe vide qu’elle projette violemment contre le mur de la pièce, en criant de rage. Des émotions, elle les ressentait à nouveau, c’était une sensation désagréable, douloureuse, sa poitrine se serrait, elle suffoquait. Comment était-ce possible ?! Après tout ce qu’elle avait enduré, tout ce qu’elle avait dû faire… Elle repense à Ewen et ce qu’elle et Aesril avait fait et se dirige vers la bibliothèque pour chercher des réponses, dans le grimoire, qu’elle avait montré quelques heures avant cela à Aesril.
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